De nos jours, il y a encore beaucoup de sujets tabous. La dépression en est un. Ça m’a pris beaucoup de temps courage pour me décider à écrire ce texte.
 
Par peur, par honte.
 
Je combats la dépression depuis que j’ai 16 ans. Je n’ai jamais eu peur d’en parler. Encore moins depuis mon diagnostic de trouble d’anxiété généralisé en 2014. Ça fait partie de moi. De ce que je suis. Ce dont j’ai du mal à parler par contre, c’est le fardeau que ce combat de tous les jours m’amène en tant que maman. Maman monoparentale devrais-je dire.

La dépression est revenue en force depuis près de deux mois. Elle a débarqué, comme ça, sans prévenir. Et elle s’est installée, comme chez elle, comme de la visite déplaisante que je ne veux pas. Et je ne sais pas quand elle finira par s’en aller.

Je ne vis plus vraiment : je survis. Je prends ma médication de façon assidue, mais ça ne semble pas suffire pour venir à bout du mal qui m’habite. Donc, je  m’accroche. Mais tout de même. C’est lourd. Pour moi. Pour mes proches. Pour mon fils.

Si j’ai quand même réussi à terminer nos vacances sur une pas pire note, réussi à ne pas laisser ma dépression gâcher le retour à l’école, depuis un mois, je fonctionne en mode « automatique ». Je réussis à me coucher le soir et me lever le matin. À m’arranger un brin sans avoir l’air trop négligé. À travailler. À faire la routine pour l’école. À sortir un peu. Voir des gens. 
Mais je ne respire pas le bonheur. Je change de masque, tout simplement. Je n’ai pas non plus le sourire d’étampé dans la face à chaque minute.
 
La vérité, c’est que je n’ai pas toujours l’entrain et la joie de vivre qui me sort par les pores de peau. J’aimerais ça, être plus organisée dans le quotidien. J’aimerais ça, être capable de remplir nos week-ends d’activités et d’avoir l’énergie qu’il faut pour les faire. Mais je n’ai pas cette énergie. Ni la patience. En fait,  je ne suis pas le modèle de mère que je voulais être.

Je suis chanceuse. Je suis bien entourée. J’ai des parents chez qui je peux débarquer (quasi) n’importe quand. Des amis qui me donnent un peu de répit. Mais ils ont aussi leur vie. Je ne peux veux pas m’imposer non plus. Et au travers de tout ça, il y a une chose que mes proches ne peuvent pas m’enlever, c’est  le sentiment de culpabilité grandissant qui m’habite. Est-ce que j’ai des bonnes journées? Oui. Mais elles se font rares. Et quand les nuages reviennent encore, ben la culpabilité revient, elle aussi.

Je me sens coupable. Je me sens mal d’être malade. Il y a des jours où je me sens inapte et inadéquate pour mon fils. Ça me brise le cœur sur un méchant temps. Je me fais souvent répéter de ne pas m’écrouler. Ou de ne pas trop pleurer devant lui. Ce que j’essaie de faire le plus souvent possible. Je garde ces moments pour moi. Mais il y a des fois où ce n’est juste pas possible. Je craque. Je suis plus fatiguée. Plus impatiente. Je m’emporte.
Je suis censé faire comment pour enseigner à mon fils d’être fort dans les moments difficiles?  De foncer malgré les obstacles, quand, pour moi, les obstacles de mon quotidien sont des monts Everest quasi impossibles à franchir? C’est contradictoire. Et ça me fait mal.

Il n’y a rien qui me fasse plus mal que ça.