Ma vingtaine, je l’ai passée avec la pédale professionnelle au plancher : le rythme de ma vie était dicté par les clients et les deadlines. En début de carrière, dans un milieu compétitif, j'avais tout à prouver. J’avais les deux pieds dans une industrie de défis, de grandes réussites et d’événements multiples. Un milieu dans lequel les gens sont allumés et stimulants. Où le fear of missing out était quasi un critère à l'embauche : la parade, il fallait la diriger, pas la suivre. Work hard, play hard.

J'ai adoré ces années et si c’était à refaire, mes choix seraient les mêmes. J’ai énormément appris. Ça a largement contribué à modeler la femme que je suis devenue, professionnellement et personnellement. Oui, c’était un peu fou aux yeux de ma famille et de mes amis qui étaient extérieurs à ce milieu : je faisais beaucoup d’heures et ça ne se traduisait pas nécessairement sur ma paye. Ma santé a parfois été mise à l’épreuve, mais ça m’importait peu. J’avais tellement de fun, tellement l’impression d’être essentielle.

Puis, un jour, je me suis retrouvée devant un test de grossesse. Il y a eu un déclic. En apercevant les deux petites lignes bleues, j'ai vu poindre le congé de maternité comme une pause providentielle. Je ne pouvais pas me douter de ce qui allait m’attendre, mais je savais que, pendant un an, mon stress ne serait plus généré par les courriels qui entrent par dizaines. Ma fatigue serait celle des nuits blanches à nourrir Fils plutôt qu’à compiler mes heures facturables.



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Comme une junkie qui avait besoin de son fix, je suis retournée au boulot un peu plus tôt. Après tout, j’avais en la personne de Fils un passeport pour quitter le bureau plus tôt sans subir les regards réprobateurs, non? Je suis restée la collègue trippante qui disait oui à tout, tout en y conjuguant ma nouvelle réalité de mère. Ça a fait un temps. J’ai eu besoin de sortir de ma zone de confort. À peine entrée dans la trentaine, je savais que cette décennie serait celle de l’accomplissement, à bien des égards. J’ai donc fait le saut et je me suis réinventée professionnellement.


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De ma précédente incarnation professionnelle, j’ai conservé des amitiés solides, des souvenirs impérissables et des histoires pas possibles qui me font encore sourire. Je ne saute plus de paragraphes pour accélérer l'heure du dodo et me rebrancher à mes dossiers. Je dors mieux. Je m'applique à ralentir et à voir Fils grandir entre ses changements de pointures de chaussures. Je dirais même qu’aujourd’hui, je suis une meilleure employée : j'ai le temps de réfléchir, planifier, analyser. #CoucouBoss
 
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En rétrospective, ce que je chéris le plus, c'est la certitude d’avoir renoué avec qui je suis. Je suis épanouie, disponible et à l’écoute des besoins de ma famille. Bref, depuis que j'ai changé de job, je sens que je suis une meilleure mère.


Votre travail occupe-t-il vos pensées lorsque vous êtes à la maison? L'équilibre travail-famille, vous l'avez atteint?