Mon Lilou a un parcours « différent », il souffre de dysphorie du genre. Pourquoi? Voilà la question à laquelle tout le monde aimerait tellement avoir une réponse. L’être humain est ainsi fait, il tente souvent de trouver une explication logique à tout. Ainsi, chacun croit avoir son mot à dire, l’explication exacte, la solution et, souvent, ne se gêne pas pour le crier haut et fort. Les commentaires, bien que très rarement sollicités, viennent de toutes parts, aussi insensés soient-ils.
 
Ainsi, des théories tentant d’expliquer la variance de genre de mon enfant, j’en ai entendues plus d'une.
 
« Ça doit être parce qu’il y a plus de filles que de garçons dans son groupe à la garderie. »
 « Ah! Il a une petite sœur qui est née lorsqu’il avait 2 ans et demi, il réagit à ça. »
 « Son père ne doit pas être assez présent pour lui montrer comment agir en homme. »
 « Personne ne lui a jamais refusé l’accès aux jouets de filles. »
 
Jusqu’ici, ça peut aller. Ces hypothèses, bien que loufoques et inexactes à mon avis, sont tolérables. Mais, il y a aussi les autres explications invoquées, celles qui me heurtent directement, me blessent profondément. Toutes les raisons qui m’impliquent moi personnellement, qui insinuent que je suis, du moins en partie, « la cause » de cette différence.
 
Un jour où mon garçon, qui est en train de laisser allonger ses cheveux a, une fois de plus, le toupet dans les yeux, je lui propose tout bonnement de lui mettre une barrette, simplement pour augmenter son confort. Ce n’était pas la première fois, il en porte régulièrement dans l’intimité et la sécurité de notre foyer. Mais, ce jour-là, il y avait un témoin qui m’a vue lui proposer cela sans que mon Lilou me l’ait lui-même demandé. « Il peut bien vouloir devenir une fille, tu lui proposes d’emblée ce genre de choix. »
 
« Es-tu certaine que ce n’est pas ton désir à toi? »
 « Il doit sentir qu’après son frère tu souhaitais avoir une fille. »
 
Je ne le dirai qu’une fois. Je ne peux pas concevoir que quelqu’un, me connaissant ou non, puisse sincèrement penser que je rêve secrètement de ce parcours pour mon enfant. Quelle mère dans la vie souhaite, pour cet être si précieux, qu’il soit face à une vie où toujours il aura à se battre, à s’expliquer, à faire valoir qui il est et à subir les moqueries et les jugements? Certainement pas moi.
 
J’aimerais que tous ceux qui nous regardent d’un œil extérieur et qui ne connaissent qu’une parcelle de la situation, s’abstiennent, qu’ils se souviennent toujours qu’il leur manque trop d’informations pour juger.
 
Je ne sais pas et, ne saurai sans doute jamais pourquoi. Mais, au fond, c’est sans importance. Ce que je sais, c’est que mon Lilou a besoin d’amour et de soutien pour se développer et cela, je lui offrirai. Et, chaque fois que je fais face à un commentaire impertinent, à une remarque irréfléchie, cela ne me pousse qu’à redoubler d’ardeur pour appuyer et défendre mon enfant.