J’ai un fils intense. Un vrai BABI (Bébés Aux Besoins Intenses), qui a pleuré de la naissance à… encore aujourd’hui, à presque 5 ans. Un anxieux émotif. Un sensible colérique. Un petit garçon opposant qui ne se laisse dire quoi faire par personne. Maintenant, je vois moins les inconvénients pour moi. Je vois plutôt les défis qui l’attendent, lui.
 
J’ai réussi à passer à travers ces cinq années en me disant que ses comportements difficiles maintenant pourront se révéler être de grandes qualités plus tard. L’opposition deviendra de la détermination et de l’autonomie. La sensibilité sera mise à profit lorsqu’il deviendra musicien (ou tout ce qu'il voudra), lui qui, à 4 ans, pleurait déjà d’émotion en écoutant certains airs tristes.
 
Le quotidien avec un enfant comme lui, c’est un va-et-vient constant entre la frustration et l’angoisse. Il me frappe, fait des crises, dort mal. Comme il est très impulsif et aventurier, on doit avoir des yeux tout le tour de la tête pour éviter les dangers. On essaye tous les types d’interventions, ça fonctionne bien une fois. Ou ça ne fonctionne pas du tout. Et ça finit toujours par ce grand questionnement : qu’est-ce que je dois faire?
 


Enfant inconsolable. Bouleversé par tout et rien.
Crédit : clappstar/Flickr
 

Je le regarde dormir, dans ce moment où il semble, malgré sa vulnérabilité, flotter dans un sentiment d’apaisement. Et je me rappelle que même la nuit, les mauvais rêves le pourchassent. Je le vois dans toute sa longueur : 110 centimètres de colère, des cheveux aux orteils. Et je n’en reviens tout simplement pas que le temps ait passé. Qu’il ait enfin cinq ans. Il me semble que chaque journée, depuis qu’il est né, en valait deux. Quand il a fêté son premier anniversaire, au lieu du traditionnel « déjà un an! », on s’est simplement dit : « enfin ».
 
Je nous projette toujours dans un futur heureux. J’ai hâte d’avoir 40 ans, parce que lui en aura 10. Et j’espère qu’à 10 ans, il aura appris à gérer ce gros nœud qui le ronge. Au moins un peu plus.

 Crédit : John Mueller/Flickr

Dans ces moments de calme, qui arrivent de plus en plus souvent (heureusement!), c’est finalement un grand enfant qui aime les câlins, qui me dit qu’il m’aime à l’infini, qui expose sans gêne toute son émotivité. Ses grands yeux mélancoliques m’émeuvent. Il a le plus beau petit visage qui soit. Et je pense avec une certaine tristesse qu’avec l’intensité de ses émotions, il aura probablement à vivre de grands déchirements. De grandes joies, oui, mais aussi de grandes peines, de grandes incompréhensions.

Et même si ce gros nœud lui appartient, je vais avoir à vivre tout ça avec lui moi aussi. J’y serai toujours sensible. Peu importe son âge. 

Comment vivez-vous les défis que doivent vivre vos enfants?