Du haut de mes 12 ans, je suis tombée irrationnellement amoureuse d’un garçon. Après 3 ans à tenter de me faire remarquer par lui, on a fini par sortir ensemble. Du bas de mes 18 ans, il me laissait, cassant ainsi mon petit cœur.
 
Ce dernier étant fatigué, mon corps a pris la relève. Quelques années de relation passionnelle, des expériences ici et là, mais jamais rien de trop sérieux. Je ne voulais plus m’enraciner, j’étais pas mal désillusionnée du grand amour.
 
Puis un bon soir d’octobre pas froid du tout, j’ai plongé mes yeux dans les siens. J’ai lu son âme. C’était LUI. J’y croyais à nouveau. Les mois puis les années ont passé. L’ivresse, les épreuves, le soleil, la pluie. On a souvent fait l’aller-retour entre le noir et le pastel. Mais toujours sur un fond de vrai, d’engagement, d’amour.
 
Puis de ce dernier sont nés les petits.
 
J’ai mes abysses personnels. Mes daddy issues, mon besoin d’attention. Dans les siennes croupit son trouble d’anxiété. Il n’est pas toujours visible, parfois latent, parfois explosif. Mais il guette. Et j’aime son être entier même malgré le spectre de son TAG.
 
Un soir d’été, l’homme et moi avions couché les bébés et profitions d’un moment ensemble. Un p’tit verre de vino, puis un autre.  Nous étions en discussion sur la vie, nos travails, nos difficultés, nos réussites. Entre deux regards complices, il m’a posé la question qui tue : « serais-tu encore avec moi si on n’avait pas d’enfants? »
 
Je n’ai pas eu d’hésitation : oui. Et j’étais sincère.
 
Pour vrai ce n’est vraiment pas parfait, notre affaire. On est fatigués, on se chicane des fois. On a des jeunes enfants, et c’est quand même un sympathique chaos.  C’est à l’envers dans la maison. On n’a plus beaucoup de moments seuls.
Mais je l’aime. Pas comme au premier jour, différemment, peut-être même mieux.
 
Par contre, je n’ai pas eu le courage de lui renvoyer la question. Je ne veux pas vraiment savoir, je pense. Peut-être que je fais de l’évitement, mais j’ai eu un peu peur que la réponse me dévaste, je l’avoue. Peur d’être encore celle qui aime le plus. Alors j’ai laissé ça en suspens. Parce que non, je ne suis pas 100 % la même fille que j’étais quand il m’a rencontrée. Physiquement, mentalement. Je n’ai pas les mêmes priorités, aspirations ou goûts. La question aurait donc été plutôt légitime! « Je ne suis plus pareille : es-tu toujours avec moi parce tu en as envie, ou parce que tu ne veux pas détruire notre famille? »
 
Pas encore prête pour la réponse, je crois!
 
Vous-êtes-vous déjà posé la question?