J'ai toujours été une personne qui se questionne beaucoup, alors forcément, je me remets aussi très souvent en question. Je pensais donc naïvement que moi, je ne vivrais pas ça, la crise de la trentaine. Je me sentais très au-dessus de tout ça. Totalement en fait.  J'étais déjà existentialiste à l'os, donc comment pourrais-je l'être plus? Logique implacable!

Puis mes trente ans sont arrivés. Je les attendais de pied ferme, car voyez-vous, depuis que je suis toute petite, j'ai hâte d'être grande. Pour moi, la trentaine, c'est trop fort, point final. Nous sommes encore jeunes mais avec un petit je-ne-sais-quoi de vraiment plus hot. Mon anniversaire est passé et rien n'est venu mis à part ce chiffre rond. Je le savais bien que je ne connaîtrais pas les affres mythiques de cette crise.

J'ai donc vécu deux ans de bonheur parfait puis... bang! Ça m'a frappée de plein fouet. Qui suis-je? Où vais-je? Ce sont aussi ajoutés à ces questions classiques plein de nouvelles questions inconfortables qui m'ont fait douter de qui j'étais et de ce que je faisais de ma vie. Ça a duré un bon deux ans et demi pendant lesquels j'ai un peu beaucoup changé de vie et pris une nouvelle direction. Quand la mi-trentaine s'est pointée, j'étais enfin zen et assumée. Retour à mes questions existentielles normales.

Depuis quelques semaines, je vis un genre d'inconfort. Puisque je l'ai déjà vécu, je sais le reconnaître. Voilà que j'ai recommencé à entendre les mêmes voix intérieures en feedback. J'ai nié au début et fait la sourde oreille, mais là, c'est une évidence. J'ai soufflé il y a peu 37 bougies et je vois ma quarantaine approcher, et ce, à vitesse grand V. Je ne la crains pas plus que la trentaine, remarquez bien, parce que j'aime vieillir, surtout du point de vue de l'expérience de vie.

Sauf que, à mes yeux, c'est une dizaine qui pardonne moins. Elle ne laisse pas autant de place à l'erreur, il me semble. Marge de manœuvre plus mince, on dirait bien. C'est ordinaire, se planter dans sa quarantaine, non? Nous sommes censés être accomplis à ce qu'il paraît et savoir qui nous sommes.

Je ne suis pas si sûre de qui je suis, en profondeur, je parle. Pas plus que je ne suis certaine d'être exactement où je voudrais être. Enfin, j'y travaille, c'est sûr. Et quarante ans, si nous vivons 80 ans, dans le meilleur des mondes de l'espérance de vie canadienne, c'est la moitié d'une vie de passée. LA MOITIÉ!

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Vu sous cet angle, ça met la pression quand même parce que, je ne l'ai pas trouvé, moi, le sens profond de ma vie, OK? Je n'ai pas encore trouvé comment faire LA différence dans le monde! Pis anyway, c'est quoi ça, le sens de sa vie?! Là, nous pouvons sentir que je dérape tellement un peu, mais je sais j'espère que vous comprenez l'essentiel de mon questionnement. 

En revanche, ce que je sais, c'est que je m'aime enfin. Aussi, je suis fière de la mère que je suis et de mes petits monstres. Je suis heureuse de déconner avec mon homme et d'avoir des projets pour les quarante prochaines années à venir avec lui. J'adore les imperfections de ma vie car elles me font justement sentir vivante. Elles impliquent qu'il y a place à l'amélioration et aussi, que les choses imparfaites sont les meilleures. Reste maintenant à savoir si je sortirai vivante de cette autre crise existentielle. Cependant, si je ressens ne serait-ce qu'un dixième du bonheur de plus que maintenant, eh bien, ce sera une super décennie. 

Pour vous, ça se passe comment les crises des dizaines?