À ma première grossesse, je m'en souviens comme si c'était hier, mon chum et moi avions pleuré la première fois que nous avions senti bébé bouger. Cette fois-ci, je pense lui avoir dit deux ou trois semaines plus tard... Ce n'est pas que je suis blasée ou que je ne suis pas heureuse de cette nouvelle grossesse, bien au contraire, c'est juste que je n'ai pas le temps de me caresser la bedaine et d'être réellement connectée à mon ressenti de femme enceinte.

Je trouve ça triste... Mais je ne vois pas comment faire autrement! J'ai une petite cocotte de deux ans qui me demande 100 %, et parfois plus, de mon attention. Je viens de retourner au travail et j'essaie d'optimiser au maximum le temps passé avec elle. Ça me prend le peu d'énergie qu'il me reste à la fin de la journée!

Je me sens coupable vis-à-vis ma fille. Coupable de tout ce que je m'apprête à lui enlever, de tout ce que je lui enlève déjà. Je sais qu'elle a encore cruellement besoin de moi et que je serai forcément (et je le suis déjà), moins disponible pour elle.

Je me sens coupable aussi vis-à-vis du bébé à naître. Il n'a pas toute l'attention qu'il mérite, et il ne l'aura probablement jamais. Il ne connaîtra jamais cette relation de totale fusion et d'exclusivité que sa sœur a connue. Toujours, dès son premier souffle, il devra partager sa maman. Je me demande même parfois s'il peut ressentir cette tristesse à partir de son petit cocon... J'espère que non.

La première fois, j'avais très peur d'accoucher, d'avoir mal, de ne pas être capable de mettre un petit être humain au monde. Cette fois-ci, l'accouchement ne me fait pas peur. Je fais confiance à mon corps, à mon chum, à mes sages-femmes, et surtout à mon bébé. Mais je suis terrifiée à l'idée d'être séparée de ma fille pendant une période indéterminée, sans trop savoir comment elle vivra tout ça. Encore une fois, le manque de soutien de la famille proche nous rattrape et il faut se débrouiller avec les moyens du bord. C'est clairement ma plus grande crainte dans toute cette aventure.

Une amie très sage, et maman de famille nombreuse, m'a dit de cesser de penser à tout ce que j'enlève à mes enfants, et de me concentrer plutôt sur ce que je leur offre, soit un frère ou une sœur pour la vie. C'est là-dessus que je dois maintenant me concentrer pour les semaines qui restent!

Avez-vous vécu cette culpabilité à votre deuxième grossesse?