L'autre jour, je discutais avec une personne de ce que je vivais avec mes filles et elle m'a lancé : « Coudonc, aimes-tu vraiment ça la maternité? »
 
Les deux bras me sont tombés. Comme si, parce que je parlais des aspects que je trouve difficiles au quotidien, ça remettait en question complètement mon rôle de mère et même mon choix de l'être devenue. Comme si je n'étais pas faite pour ça.
 
Demander à une maman si elle aime être mère, sans que cette réflexion ne vienne d'elle, alors qu'elle vous parle des moments difficiles, dans mon livre à moi, ça ne se fait pas. C'est juste rempli de jugement. Ses difficultés sont invalidées et cela délégitimise sa réalité à ses propres yeux. Les possibles causes ou facteurs aggravants de ce qu'elle vit sont ainsi passés sous silence : santé physique ou mentale de l’enfant ou du parent, handicap, statut économique et inégalités sociales, racisme, éducation et analphabétisme, identité de genre, etc. La mère n'a pas à porter ces « étiquettes », mais tout cela renvoie à une réflexion à faire sur les privilèges de la personne qui l'interroge.

Et de grâce, lâchez-moi le « faut être positif ». Si vous trouvez la discussion lourde avec votre amie, gardez donc ça pour vous et changez de sujet subtilement. Mais par pitié, ne remettez pas en question toute l'expérience parentale de votre interlocuteur avec une perception de cinq minutes de ce qu'il vit.
 
La maternité, c'est fait de plein de petits bonheurs et de petits malheurs. Il peut se passer mille moments différents en une journée. Une personne peut avoir le goût de jaser de ce qu'elle trouve difficile sans que, pour elle, ça efface tout ce qui est beau et gratifiant dans la parentalité. 
 
Si vous ne vous sentez pas de bon conseil, pourquoi ne pas plutôt dire : « Ça n'a pas été facile aujourd'hui, mais ne lâche pas. J'espère que ça ira mieux demain et que tu trouveras des solutions bientôt. »?