Récemment, à CBC, on a parlé de violence obstétricale. Des examens vaginaux effectués sans consentement, parfois avec des bagues portées sous les gants. Des coups d’aiguille dans la jambe pour prouver l’efficacité de l’épidurale. J’en passe parce que ça me lève le cœur.

Accoucher a été une expérience un peu traumatisante pour moi. Je n’ose imaginer comment je me sentirais si j’avais vécu de tels traitements. Je tiens, avant d’étaler ma pensée, à dire que tous les médecins et infirmières que j’ai vus ont été super empathiques et professionnels.

Par contre.

Pour eux, un accouchement, c’est le quotidien. Le personnel médical joue un rôle actif mais détaché. Se peut-il que, parfois (et c'est naturel), les professionnels oublient que ce qui se passe devant eux est une expérience unique pour la personne qui accouche? À force de côtoyer le miracle de la vie tous les jours, se peut-il qu’on oublie à quel point c’est intense et angoissant?

Durant la grossesse, on entend tellement de choses qu’on ne sait plus où donner de la tête. Dans la salle d’accouchement, il est légitime de vouloir travailler à notre façon, tout en restant ouvertes (!) aux conseils.

Mais dans les hôpitaux, l’accouchement est un acte médical. Alors, le médecin connaît son votre travail. C'est pourquoi il faut parfois insister pour qu’on respecte nos choix.

J’étais à peine arrivée qu’on me proposait d’accélérer les choses artificiellement. J’ai dit non, merci. On m’a expliqué qu’il ne fallait pas que je dépasse 24 h après ma perte des eaux parce que « les études » montrent que c’est plus risqué. On est revenu à la charge souvent. Je suis une fille de dernière minute : j'ai quitté la phase de latence au moment où le médecin me lançait un ultimatum. Bon joueur, il m’a dit qu’il était fier que j’aie suivi mes convictions.

Lorsque j’ai demandé l’épidurale, l’anesthésiste était occupée. Je voyais ça un peu comme un signe que je pouvais continuer sans elle, mais les infirmières ont décidé d’aller plus vite et de m’installer le soluté immédiatement. Déjà que je ne suis pas à l’aise avec les trucs qu’on me rentre dans le bras, elles m’ont piqué les deux poignets et les deux coudes, à coups de « voyons-attend-un-peu-on-va-l’avoir » avant de réussir à l’installer.

Je ne voulais pas pousser couchée sur le dos. Tous les acteurs du monde prénatal semblaient dire que c’est la pire position (sauf pour le médecin.) Je comprends qu’on ne pouvait pas me laisser debout avec l’épidurale, mais il a fallu que j’insiste pour pouvoir essayer autre chose.

Je voulais suivre la méthode en J décrite dans le livre de Julie Bonapace, mais le personnel était catégorique : il faut pousser par les fesses. Éternelle indécise, j’ai mélangé les deux. La première heure, le bébé descendait bien. Tout le monde était content.

Après, ça s’est corsé. On a appelé le gynécologue, un monsieur qui garde ses gants blancs pour la salle d’opération. Il fut le premier à prononcer le mot « césarienne ». Ça a semblé soulager tout le monde (sauf moi). Dans l’article de CBC sur la violence obstétricale, une femme racontait qu’on l’a harcelée avec ce mot, lui répétant qu’elle allait tuer son bébé si elle refusait l’opération. Son témoignage est vraiment venu me chercher…

On ne m’a jamais dit ça, mais disons que quand vous avez autour de vous quatre ou cinq personnes qui veulent vous convaincre en même temps, c’est très intimidant. J’ai paniqué. Bébé et moi montrions des signes de fatigue (et papa aussi d'ailleurs, ha!). Une infirmière m’a convaincue en m’expliquant que j’étais mieux d’accepter pendant que nous étions encore en bonne santé.

Merci pour ça, on a vraiment attendu un consentement clair. On ne se contentait pas d’un petit « bon ok » on m’a fait répéter « OUI ». Sauf que, dès que j’ai prononcé ces trois lettres, on m’a presque lancé le formulaire de consentement au visage.

Mon accouchement m’a laissé un sentiment doux-amer, mais je suis fière d’avoir insisté sur des éléments qui étaient importants pour moi.

Avez-vous senti qu’on vous écoutait lors de votre accouchement?