Quand je suis tombée enceinte de mon premier enfant, on m’a annoncé que j’attendais un garçon. Puis nouvelle grossesse est survenue, ce sera une fille! Pour la troisième, j’ai attendu de le découvrir moi-même. Mais jamais, à aucun moment, je n’ai pensé que cette simple information pourrait devenir beaucoup plus compliquée que prévu pour un certain nombre d’enfants (1 sur 1 500) chaque année. Jamais je n’ai pensé que je pourrais avoir un enfant ni fille ni garçon, appelé autrefois « hermaphrodite » et désigné plutôt maintenant en tant qu’intersexe.

C’est ce que le documentaire Ni fille ni garçon de Mylène Tremblay (par Avanti) explore en une heure sur le site de Télé-Québec. Je l’ai regardé par simple curiosité car je me souvenais de son article dans le Châtelaine en 2014. J’ai été bouleversée du nombre de préconceptions qui ont changé au long de mon écoute... en si peu de temps!

Trois familles d'enfants intersexes sont suivies par la caméra toujours respectueuse de Mireille Paris. Un 4e témoignage (le plus intéressant) s’ajoutera en fin de documentaire. Certains enfants sont de dos pour protéger leur identité car après tout, on discute principalement de leurs organes génitaux ici et je peux comprendre les parents de vouloir protéger l’intimité de leur enfant. Cet anonymat n’entrave absolument pas l’intérêt qu’on porte à leur histoire.

La famille de Sophie
Crédit : Ni fille ni garçon/ Télé-Québec et Avanti ciné-vidéo

Trois humains fascinants donc : 3 ans, 6 ans et 20 ans. Des parents qui témoignent de cette ambiguïté difficile à vivre au quotidien et des spécialistes qui informent (dont une sociologue captivante) : les discours de l’époque, les changements de mentalité de la médecine, les enjeux, les émotions des parents, des enfants plus vieux et le tabou... l'immense tabou malaisant pour l'entourage!

Saviez-vous qu’il est impossible de ne pas cocher l’une des deux cases de « sexe » 30 jours après la naissance? Impossible de ne pas cocher, impossible de cocher les deux. Dilemme! Les parents doivent donc, de concert avec les médecins (et à l’encontre de tous les récents avis médicaux et psychologiques) attribuer un sexe à l’enfant avant que celui-ci ne puisse le déterminer lui-même. Parfois cette identification survient tôt, parfois elle survient à la puberté… Parfois selon le sexe attribué, parfois à l'inverse...

Mais pourquoi? Pourquoi sommes-nous encore réduits à cette binarité de féminin et masculin en 2016? C’est en écoutant ce documentaire que l’on se pose de plus en plus la question : réelle absurdité qui demeure préjudiciable pour les enfants!

Et si l’adolescence effraie un peu tous les parents, imaginez comment les parents d’enfants nés avec un utérus et un pénis (par exemple) peuvent la redouter! Que fera-t-elle de leur enfant? Comment se développera celui-ci? En femme ou en homme? Sera-t-il/sera-t-elle heureux/se malgré cette différence?

Des questions... et des réponses! À visionner ici et maintenant ou à l'antenne de Télé-Québec aujourd'hui à 13 h et dimanche 4 décembre à 20 h.