Par un beau matin de mars, ma fille a pointé le bout de son nez. L'accouchement a bien été, mais ça a été long. Plus de 24 heures de contractions, pas de sommeil, une épidurale, une pas pire poussée, une déchirure. 

J'avais donc reçu le plus beau cadeau de ma vie, avec une shitload de stress, parce que j'ai cherché le manuel d'instruction de la petite... et évidemment, il n'y en avait pas. L'habiller, lui changer la couche, la tenir, tout cela était nouveau, excitant et stressant. Pis... j'ai eu crissement mal aux mamelons, parce que ma fille et moi ne savions pas trop comment c'était censé fonctionner, l'allaitement réussi.

J'ai passé trois jours à l'hôpital, avec un soluté la plupart du temps, à chercher de plus en plus le sommeil. Je me disais que peu importe comment ça allait être une fois rendue à l'appartement... au moins, je pourrais mieux dormir, sans infirmières, sans voisine de chambre, sans bip en fond sonore. J'étais la nouvelle maman la plus heureuse quand nous avons enfin eu notre congé.

J'ai donc ramené chez moi le nouveau bébé, une douleur au vagin, des mamelons en sang et un pas pire mal de dos. Je me concentrais sur le positif : j'avais hâte de vivre à trois.

Et j'avais vraiment hâte de dormir dans mon lit. La nuit venue, une fois Petite Princesse enfin endormie, j'ai étendu une serviette sur mes draps (pour ne pas les tacher) et je me suis ruée sur mon oreiller pour profiter à fond des quelques dizaines de minutes avant la prochaine tétée. Mon mari s'est couché aussi. Sommeil, je t'attendais.

Ce que je n'attendais vraiment, mais vraiment pas, c'est la main baladeuse du petit mari. Je pensais que c'était une caresse de bonne nuit, je l'ai donc serrée et remise à sa place. Elle est revenue. Deux fois. 

Ça fait que, pour finir par dormir, j'ai branlé mon mari d'une main automatique. J'aurais aimé qu'il aille se crosser, mais il semble que non. J'aurais pu lui dire d'aller se faire voir, que j'étais plus épuisée que jamais avant dans ma vie, que j'étais quand même une pas pire plaie de douleur... mais mon cerveau, à ce moment-là, fonctionnait sur le mode « whatever it takes to go to sleep. » 

Quelques mois ont passé. Mais son attitude à ce moment où j'avais besoin de penser à moi en premier m'est restée en travers de la gorge.

Je n'en ai pas parlé à mon mari, mais je crois profondément que j'aurais dû le faire. Il est encore temps, d'ailleurs. Bien que l’eau ait coulé sous les ponts, le fait d’écrire ce texte prouve que je ne suis pas à l’aise avec ce qu’il s’est passé et que je n'aurais pas dû laisser traîner ça. Je trouverai le moment de lui en parler, c’est certain. 

Son comportement a été inacceptable et j’ai été trop épuisé à l’époque pour réagir et bien réaliser l’absurdité de la situation. Je sais que la limite est mince entre « faire plaisir » et avoir une relation non consentie. Je ne sens pas que la limite a été franchie, mais de peu. Cette expérience montre que la communication dans un couple est très importante, en tout temps.

Avez-vous déjà vécu une situation du genre? En avez-vous parlé, vous?