Avez-vous déjà eu l’impression que votre vie était sur pause et que cet état d’immobilité allait perdurer à jamais? C’est exactement le feeling que j’avais les jours précédant l’arrivée de Marine. Depuis trois semaines, j’endurais une latence sans fin, avec des contractions aux trois minutes, jour et nuit. J’étais comme dans le jour de la marmotte, mais en pire.

Puis, le dimanche de Pâques, en plein dîner de famille, j’ai perdu mon bouchon muqueux. Dire que j’étais excitée est un euphémisme. Je pensais exploser d’excitation, no joke. IL SE PASSAIT ENFIN DE QUOI.

Pis mon excitation est retombée aussi vite qu’elle est arrivée puisque la perte du fameux bouchon s’est seulement soldée par un arrêt total des contractions. Dans le genre, pu rien pantoute. Au point où, lorsque ma maman a appelé, le lundi soir, pour me proposer de prendre Benjamin pour la nuit au cas où, j’ai refusé en me disant qu’anyway, mon bébé était dans mon ventre pour y rester (so drama queen à ce moment-là.)

C’était donc évident que cette nuit-là, en me levant pour aller aux toilettes, j’allais me mettre à saigner de façon assez importante pour que ça annonce que quelque chose s’en venait. Allô maman, tu peux venir finalement. Hahaha.

À mon arrivée à l’hôpital (où on commençait à me connaître étant donné mes nombreuses visites des dernières semaines) on m’a rapidement examinée et on a décrété que FINALEMENT, c’était le grand jour.
Cette fois-ci, je m’étais préparée comme il faut. Pas question de reproduire le scénario de mon premier accouchement et de devoir appeler ma mère pour qu’elle m’amène une de SES paires de bobettes à l’hôpital. J’ai installé mon oreiller, mon iPhone avec ma musique et j’ai pluggé mon petit haut-parleur.

Avant que je perde le contrôle sur mon vocabulaire. 
Crédit : Alexandre Labrie 

Mon médecin était dans un colloque et m’appelait fréquemment pour savoir comment j’allais. De mon côté, je chillais au son de la musique en naviguant entre le ballon, le lit et la chaise berçante. Les contractions s’intensifiaient, mais rien de dramatique. Vers 13 h, mon médecin est arrivé et m’a proposé de crever les eaux (si j’étais d’accord) pour vraiment démarrer le travail.

Il m’a aussi dit que si je voulais l’épidurale, on était mieux de la demander rapidement parce qu’il sentait que le travail pourrait aller très vite. Comme j’étais seulement à 5 cm, que la douleur s’endurait vraiment bien, je me suis dit : enwèye Véro, essaie-toi dont naturellement.

Première chose que j’ai su, une fois les eaux crevées, ça a starté pour vrai. Dans le genre de ça fait mal pis pas pire. J’ai décidé que ça ne me tentait vraiment pas de souffrir, j’ai demandé l’anesthésiste (qui est arrivée vraiment rapidement) et qui m’a géré tout ça en quelques minutes (en gardant le sourire malgré mes nombreuses remarques sur son jeune âge. Je blâme le stress ici.)

Fidèle à moi-même, j’ai gelé tout croche. Je ne sentais pas mes jambes pantoute, mais le ventre, le bassin pis l’entre-jambes se gâtaient quand même un party de sensations pas tant l’fun. La douleur a fait que j’ai sorti mon beau vocabulaire du dimanche au point (où je me suis excusée par la suite à l’infirmière) et je me suis mis à chialer comme un bébé. Ça faisait vraiment, vraiment mal.

Tout d’un coup, l’infirmière a demandé à mon chum de tout enlever ce qui se trouvait devant moi : nos sacs, nos manteaux, etc. Pourquoi donc, vous demandez-vous? Parce qu’à ce qu’il paraît, elle reconnaissait les signes d’un accouchement très rapide dans lequel ça revole partout. Nice to know…

Au travers de mes sacres, ma playlist d’accouchement et la bulle que je tentais de maintenir, j’ai entendu mon médecin s’exclamer : haa ben regarde dont ça, elle sort sans que tu aies à pousser.

FUN

Ma petite Marine, qui m’avait fait niaiser pendant trois semaines en avait de toute évidence sa claque et s’était dit que tant qu'à sortir, elle ne prendrait certainement pas son temps pour le faire. Ça fait donc que, 45 minutes après avoir eu l’épidurale, je tenais dans mes bras une mini cocotte gluante, un peu bouffie qui cherchait vainement son air après avoir avalé trop de liquide en sortant rapidement. Une petite visite en transit plus tard, j’avais sur moi la plus belle petite fille du monde (je sais, je sais, c’est plate pour les autres).


Mini Marine <3
Crédit : Véronique Landry

Elle a fait son entrée dans le monde de la même manière qu’elle vit chaque journée depuis : à sa façon, déterminée et remplie d’une fougue qui en rendrait plusieurs jaloux.

Je l’aime.