Il y avait un bout de temps que je me doutais que ça ne tournait pas rond chez moi. Maintenant, je le sais. J’ai une phobie. Une vraie phobie, là, pas juste un petit frisson quand je vois une araignée ou une hantise du dentiste.
 
Ça s’appelle l’émétophobie, la phobie de vomir.


 
Jamais je n’aurais cru que ça puisse être une phobie. Voyons donc! Personne n’aime ça vomir, c’est évident!
 
Mais non, ce n’est pas si simple que ça. L’émétophobie, c’est beaucoup plus complexe que le simple dégoût de la chose. Ça relève clairement du trouble anxieux. Ça occupe constamment mes pensées, ça contrôle presque ma vie.
 
Et depuis que je suis mère, ça m’empoisonne l’existence!
 
Être émétophobe, ça veut dire limiter ses choix alimentaires de peur d’être malade. C’est penser chaque jour, chaque heure, que je vais recevoir un avis d’éclosion de gastro à la garderie. C’est avoir une montée d’anxiété dès que ma puce me dit qu’elle a mal au ventre. C’est cesser de respirer quand mon bébé tousse la nuit. C’est ne pas enlever mes gants à l’épicerie de peur que le virus de la gastro soit quelque part. C’est même cesser de manger plusieurs jours si je pense avoir choppé une saloperie, juste au cas où je pourrais vomir.


 
C’est de vivre ma vie comme si, dès que je vais bien, je ne suis qu’en sursis en attendant d’être malade une nouvelle fois.
 
J’ai décidé que c’était assez le jour où, au beau milieu de la nuit, je me suis rendue au chevet de ma fille qui venait d’être malade dans son lit. Mon corps ne répondait plus, et j’ai perdu connaissance, là, à côté de sa bassinette.
 
C’était assez! J’ai beau vivre un trouble anxieux, il faut que je sois capable de m’occuper de mes enfants quand elles ont besoin de moi. Être plus forte que ces pensées, pour mes filles.
 
Il y a maintenant près de trois mois que j’ai entamé une thérapie pour venir à bout de ma phobie. C’est loin d’être facile. Je travaille énormément sur moi, j’apprends à contrôler mes pensées, à me concentrer sur le « ici maintenant », à lâcher prise sur ce que je ne peux contrôler.
 
C’est un exercice d’humilité intense, c’est loin d’être facile tous les jours. Mais je me console en me disant que j’essaie de faire un grand pas pour ma famille, non seulement pour pouvoir être plus forte et prendre soin de mes filles quand elles en ont besoin, mais aussi pour ne pas leur transmettre cette maudite peur qui a hypothéqué ma tranquillité et ma paix d’esprit depuis tant d’années déjà.
  
Souffrez-vous d’un trouble anxieux ou d’une phobie qui vous empoisonne la vie?