Ma vieille chienne nous a quittés en novembre. ­­­­Nous nous y attendions tous étant donné son âge vénérable et sa condition physique en pente descendante, mais il n’en demeure pas moins que la perte d’un animal de compagnie vient ébranler tout le monde, qu'on soit préparé ou non.

J’étais allée la chercher à la SPCA, alors que j’étais encore au cégep et elle n’avait que quelques mois. Elle mâchouillait, griffait, sautait, bref, elle était vraiment désagréable, mais je l’ai choisie quand même. Je ne me doutais pas que ce serait le coup de foudre entre mon père et elle et qu’au moment de faire mes dernières valises pour devenir une vraie adulte, six ans plus tard, je la laisserais derrière moi, les yeux pleins d’eau. 

Crédit : Patrick Sénécal

Les années ont passé. Elle a fait de la planche à voile et est devenue intime avec un porc-épic. Elle a assisté aux premiers pas de mon petit garçon, couchée dans son coin avec sa barbichette blanche. Puis, en moins de deux semaines, son état s’est détérioré. Mes parents ont pris la difficile décision de l’amener chez le vétérinaire. Ils ont été avec elle jusqu’à la fin et je les en remercie.

Je ne savais pas trop comment annoncer la nouvelle à ma fille de presque 4 ans puisque c’était pratiquement la première fois que j’abordais la question de la mort avec elle. Elle sait qu’elle a un cousin qui est dans les étoiles, mais sa compréhension du phénomène est plutôt attribuable à la mort de David Bowie, il y a un an. J’avais annoncé la nouvelle en catastrophe à mon chum lorsque je l’ai apprise, sans trop me soucier de la présence de ma fille. Les premières questions ont alors fusé. « Qu’est-ce que ça veut dire "mort"? Pourquoi es-tu triste maman? Pourquoi a-t-il arrêté de respirer? »

Un matin, j’ai donc pris mon courage à deux mains et je lui ai dit que Zia, la grosse chienne noire, était morte. Je ne crois pas avoir été en mesure d’utiliser le mot « mort ». Je lui ai plutôt dit qu’elle était partie. Qu’elle était vieille et que ses genoux la faisaient souffrir. Elle s’est collée contre moi et m’a simplement dit qu’elle l’aimait et qu’elle allait trop s’ennuyer. Je lui ai dit qu’elle pourrait toujours la voir en fermant ses yeux, elle m’a répondu du tac au tac : « pourquoi je la verrais quand je ferme les yeux, c’est noir ».

Les enfants ont le don de nous faire rire dans les moments les plus inattendus. J’ai vraiment pédalé pour essayer de lui expliquer ce que ça voulait dire mourir, de ne plus exister. Pas évident de ne pas être trop ésotérique sans parler franchement et dire qu’elle était devenue de la poussière. Je lui ai donc dit qu’elle était désormais une étoile et qu’elle était avec son cousin et David Bowie. Encore une fois, avec un sens de la répartie propre aux enfants, elle m’a répondu : « Mais maman, comment peut-elle être une étoile, c’est une chienne et en plus, elle n’a même pas d’ailes. » Je m’enlisais à vue d’œil.

J’ai tenté d’expliquer que nous faisions tous partie de l’univers et que les chiens, par conséquent, pouvaient devenir ce qu’ils voulaient quand ils mouraient. Je ne sais pas si mes explications l’ont satisfaite ou si son intérêt pour la chose était juste en train de chuter, mais elle m’a simplement répondu : « Elle avait une si belle fourrure. J’espère qu’elle peut maintenant sauter sur l’étoile de David Bowie. » Je pense qu'on avait fait le tour du sujet.

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Crédit : Giphy

Comment vos enfants ont-ils réagi à la mort d'un animal?