Depuis hier soir, je suis sous le choc. L’attentat de Québec. Un attentat. Un vrai. Comme Paris, comme Beyrouth, comme un peu partout sur cette planète chaque jour. Propulsé par la haine, le racisme, la méconnaissance de l’autre. Un crime d’une violence inouïe. Dans ma ville natale, réputée pour sa tolérance et la qualité de vie qui y règne.
 
En me couchant, je me suis penchée au-dessus du lit de mon fils et je me suis demandé comment je pourrais lui expliquer ce qui s’est passé. Comment des gens en arrivent à commettre des gestes aussi immondes. Confondre tout jusqu’à vouloir tout éliminer.
Empoigner un AK-47 avec la ferme conviction d’avoir le droit de vie ou de mort sur la différence. Se croire garant d’une suprématie qui permet d’anéantir la vie des gens. Un nombre de victimes qui fait froid dans le dos, sans parler des dommages collatéraux.
 
Je m’efforce chaque jour d'apprendre à mon fils à embrasser la différence. Les deux premières années de sa vie, nous avons habité une ville tellement multiculturelle que c’était nous qui étions la minorité. C’était parfait ainsi.
Sa garderie était un bassin de diversité. Son éducatrice préférée portait le voile. Sa meilleure amie avait comme langue maternelle le mandarin. Parce qu'il n'a pas appris le racisme, ses copains n’avaient pas de couleur ou de religion. Simplement des prénoms, prononcés avec amour.
Maintenant, il vieillit et l’influence des pairs se manifestera dans sa vie. J’espère de tout cœur que les valeurs d’ouverture que nous tentons de lui inculquer, son père et moi, seront toujours plus fortes que n’importe quel discours haineux.
 
La peur alimente l’ignorance et l’ignorance engendre la haine qui, elle, mène, dans sa forme la plus extrême, à des actes de violence aussi incompréhensibles que ce qui s’est vécu hier soir à Québec.
 
Mes pensées vont à chacune des victimes et leurs proches. À cette communauté qui subit de l’intimidation aux quatre coins du globe. Par des amalgames idéologiques insensés, par des raccourcis intellectuels de masse qui finissent par mettre terrorisme islamiste et musulmans dans le même sac. Par la désinformation menée par les grands médias qui alimentent une peur et des préjugés aux conséquences désastreuses.
 
Mon petit amour, la seule promesse que je te fais, c’est celle de t’élever dans l’amour et le respect de la différence. De t’outiller pour que tu ne sois jamais pris dans le tourbillon des faux préjugés. De t’entourer de gens qui te feront voir que la différence est notre plus belle richesse collective, et non une menace que nous devons réduire à néant.
Dors, demain nous travaillerons collectivement, petits et grands, à nous aimer encore plus fort et nous marcherons par solidarité pour les victimes, pour clamer que nous ne nous tairons pas face à autant de haine.