Elle s’appelle Maude Leblond. Nous avons grandi ensemble. En 2015, elle s’est convertie à l’islam. J’ai eu envie de connaître sa nouvelle réalité. Voici la suite de mon entrevue avec elle. Pour lire la première partie, cliquez ici



Crédit : Maude Leblond/Facebook

Qu’est-ce qui t’a convaincue de devenir musulmane?
La condition des femmes et la science. Les gens échappent leur mâchoire quand je leur dis ça. Ça va à l’encontre des préjugés. Il y a plus de 500 versets scientifiques dans le Coran. On dit que la Terre est ronde, mais un peu aplatie. On décrit la conception de l’embryon, le Big Bang... Et ça a été écrit il y a 1 500 ans!

Aussi, mon côté féministe est comblé. Je n’ai pas toujours été bien traitée par les hommes. J'aimerais trouver un mari musulman. Pas que ça prend ça pour être un bon gars, mais je me sentirais en sécurité avec un musulman qui suit le Coran.

Pourquoi porter le voile?
Pour la fierté. Je suis fière de ma religion parce que je la connais bien. C’est une religion de paix et de belles valeurs.

Aussi, la pudeur. Selon moi, une femme ne devrait pas avoir à recourir à de telles astuces pour pouvoir être tranquille, mais… C’est comme ça. Quand je sors sans mon voile, même si j’ai le reste du corps couvert, je remarque plus de regards, de clins d’œil… avec mon voile, je ne suis vraiment pas abordée.

Comment perçois-tu les histoires de radicalisation qu’on entend aux nouvelles?
Je ne m’y identifie pas. Pour l’attentat de Québec, la réaction a été instantanée : le cœur m’a serré, les larmes ont coulé… Mais quand je vois les attentats de Daesh... Ça me touche, mais je ne me sens pas concernée dans ma religion, dans le sens où ce n’est pas ça, l’islam. Ce sont des conflits politiques et pour l’argent. Au nom de la religion? Ça n’a aucun sens. Ils devraient relire le Coran comme du monde. Même la définition du djihad, ils ne la connaissent pas.



Définition du djihad selon le Coran
Crédit : Maude Leblond/Facebook

Quelles répercussions l’attentat de Québec a-t-il eu sur toi?
C'est plus facile de m’affirmer musulmane… J’avais l’impression que la majorité des gens était contre l’islam. Je me rends compte que c’est le contraire, mais le monde positif ne s’affiche pas autant. J'ai maintenant l'impression qu'on me regarde plus par curiosité que par jugement. Je pense que les gens se sont dit qu'il faut se serrer les coudes et montrer que ce n’est pas ça, le Québec.

As-tu l’impression de l’avoir vécu doublement de l’intérieur, en tant que musulmane et fille de Québec?
Oui. Ce n’est pas parce que je suis musulmane que je renie mon identité! J’ai rencontré beaucoup de gens qui s’affirmaient devant moi comme étant des Québécois « pure laine. » Comme si devenir musulmane m’enlevait une partie de québécois. C’est bizarre. Je me suis toujours sentie aussi Québécoise.

Que voudrais-tu dire aux gens qui ont des préjugés quant à tes choix?
J’ai déjà été TRÈS athée. Je comprends ce que c'est. Je sais même ce que c'est d'haïr la religion. Si tu n'as jamais été religieux, tu ne peux pas me comprendre. Mais je peux répondre à tes questions!

Maintenant, j’en ris. Au début, c’était tannant, surtout quand tu décides d’embarquer dans ce mode de vie. Tu as besoin d’encouragements, pas de questions stériles. Mais je ne leur en veux pas tant parce que pour comprendre, il faut étudier. Ce n’est pas évident. Ça fait cinq ans que j’étudie l’islam et j’en ai peut-être appris un centième. Ce n’est pas tout le monde qui a le temps. Mais au moins, ne pas avoir de préjugés, c’est un bon début.
 


Crédit : Maude Leblond/Facebook

Merci à Maude pour sa générosité. J’espère que les gens liront cette entrevue avec autant d’ouverture que celle dont elle a fait preuve pour me l’accorder. D'ailleurs, elle me dit qu'elle est disponible pour répondre à vos questions. Vous pouvez les poser en commentaires!