Heureusement, notre image du père moderne n’est plus celle de l’homme qui s’accomplit par le travail et dont l’envie manque pour s’occuper des tâches quotidiennes. Les femmes ayant fait leur entrée sur le marché du travail, il faut bien que les rôles traditionnels aient changé. Reste que de nombreux stéréotypes demeurent envers le rôle qu’occupe le père dans la parentalité.

Je ne dois pas être la seule à m’être fait dire qu’un homme développe un véritable lien d’attachement avec son enfant seulement lorsqu’il sait parler et marcher. Qu’avant ça, c’est plus difficile, surtout si la mère allaite. Plusieurs publicités et activités accordent une place minime au père. Après tout, ça ne l’intéresse pas de faire du yoga avec bébé, d’avoir de nouvelles idées de recettes ou des astuces pour mieux concilier famille et travail. Ce qui l’intéresse, c’est l’évolution de la blessure de Carey Price. Quant au concept de papa à la maison, mes yeux ont saigné quand j’ai lu tous les préjugés qui circulent à ce sujet. Comme si bercer son enfant, le nourrir ou changer sa couche portaient atteinte à sa virilité.

Celui qui partage ma vie s’implique énormément auprès de ma fille et il est régulièrement confronté à une caricature de son rôle de père qui ne lui convient pas. Suite à l’annonce de ma grossesse, il s’est empressé d’acheter un livre pour comprendre ce qui se passait dans mon ventre. Plusieurs personnes ont essayé de lui faire comprendre que ce n’est pas « mâle » de lire sur le rôle du placenta ou les positions d’allaitement. C’est d’ailleurs inutile, puisque ça ne le concerne pas. C’est moi qui allais accoucher et allaiter après tout. Il pouvait, au mieux, profiter de mes envies de malbouffe pour avoir, lui aussi, une petite bedaine. Ça, au moins, c’est drôle. Comme s’il n’était qu’un simple spectateur.

Ça ne s’est pas amélioré depuis que notre fille est née. Quand il est avec nous, il tient à changer sa couche. En public, il se heurte souvent à une toilette pour hommes sans table à langer. On lui dit que c’est à moi de m’en occuper, puisque j’ai un congé juste pour « ça ». J’épargne ici toutes les fois où on lui a aussi dit de ne pas jouer avec notre fille comme si c’était un garçon, parce qu’une fille, c’est plus délicat.

Personnellement, à 2 h du matin, j’étais contente qu’il prenne la relève après que j’aie allaité pour aider notre fille à faire son rot et qu’il la berce jusqu’à ce qu’elle s’endorme. La patience et la douceur incarnée, ce n’est pas moi, peu importe ce que la femme est censée être. C’est lui. Et je suis tellement heureuse qu’il utilise ces qualités que je n’ai pas pour le bien-être de notre fille.

Le rôle parfois réducteur qu’on véhicule du père n’aide en rien la femme de 2017 qui veut, elle aussi, s’émanciper de son rôle traditionnel et redéfinir sa place dans la société. Ce n’est pas vrai que toutes les femmes veulent gérer quand et comment les tâches ménagères doivent se faire ou ce que les p’tits vont manger pour souper. Il se peut que la femme veuille s’accomplir professionnellement aussi quitte à ce que le père prenne une plus grande partie du congé parental.

C’est possible que le père un peu niais qu’on voie dans les publicités, celui qui ne sait pas plier une serviette et qui préfère passer son temps libre à jouer aux jeux vidéo existe. C’est possible que la mère qui veut absolument s’occuper de tout pour que ce soit fait à sa manière existe aussi. Mais il y a beaucoup plus que ces stéréotypes.

Il n’y a pas de combat à avoir entre le rôle du père et celui de la mère dans la vie d’un enfant (et ça s’applique aussi aux parents de même sexe). Les deux jouent un rôle primordial. Ils s’entremêlent et se complètent. L’important, c’est que chacun se sente à l’aise dans le rôle qu’il a choisi.