Ce genre de journée où tu te dis que tu n’es pas faite pour la job, que tu n’es pas adéquate, pas douée, que tu devrais démissionner. Que si tu avais passé une entrevue pour le poste, on n’aurait pas retenu ta candidature parce que t'es pas assez compétente, que t'as si peu de qualifications au fond.
 
Ton manque de patience, ta fatigue éternelle, tes emportements. Tu te mets à faire le décompte dans ta tête de toutes les fois où tu n’as pas été à la hauteur : quand je lui ai reproché de, quand je l’ai chicané pour, quand je l’ai laissé partir sans, quand j’ai refusé qu’elle… Tu te dis que si c’était à refaire, tu t’y prendrais autrement. Si seulement on pouvait effacer et recommencer.
 
Tu remets tout en question, jusqu’au point de départ lui-même : peut-être que je n’aurais pas dû avoir d’enfant. Ça, ça fesse, car tu les aimes tant.  Mais parfois l’amour ne suffit pas et aujourd’hui, c’est parfois.  Tu t’en veux, tu t’haïs d’être trop ci et pas assez ça, de ne pas être juste ce qu’il faut, comme il faut, parfaitement équilibrée pour justement leur donner une vie comme telle.
 
Ce genre de journée où tu te dis qu’elles seraient mieux si tu n’étais pas dans leur décor en permanence, seulement à temps partiel, une semaine sur deux. Penser à ça te serre la gorge et te piquent les yeux, comme une peine d’amour le ferait. Mais ce serait peut-être mieux pour elles, moins de toi dans leur vie. De toi qui traverses ce genre de journée.
 
Ce genre de journée qui finit quand tu te couches en te disant que demain est un autre jour. Qu’il ne sera pas comme aujourd’hui puisque les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas. Oui, demain, ça ira mieux. Et après-demain aussi. Parce que tu les aimes tant, tout le temps, peu importe le genre de journée.