Ma fille a 3 ans et des poussières. Elle fait beaucoup de trucs dits « de filles » et beaucoup de trucs dits « de garçons ».

Mon chum et moi sommes très conscients de l'impact qu'une éducation genrée crée. Clairement, les filles sont encouragées à être plus passives que les gars et à soigner leur apparence. C'est un fait et nous sommes des parents qui travaillons fort pour éviter de transformer notre enfant en poupée de porcelaine. 

Ma fille a des automobiles, des trains, des Spiderman, une cuisinette, un tricycle et des poupées. Elle a des chandails de Nemo et des vestes avec des brillants. L'important pour nous, c'est le lui offrir un choix, lui donner l'option de faire ce qu'elle veut. 

Si elle fait de la danse classique, comme j'en ai fait petite, je serai heureuse. Si elle joue au soccer, comme son père, je serai heureuse aussi. Mais il faut qu'elle ait l'occasion de choisir. 

Plus elle vieillit, plus ses choix se clarifient : par exemple, elle aime le rose. C'est rose partout, rose tout le temps. Ce n'est pas quelque chose de négatif, le rose n'est qu'une couleur. Par contre, avec les vêtements et objets roses, viennent souvent les messages comme « La plus jolie », « Princesse pour toujours! » et « Sweet and Cute ». C'est ça qui est dérangeant pour moi. 

Je ne sais pas comment cet amour du rose est né, mais il s’est cristallisé assez solidement pour que nous soyons incapables de varier les couleurs. Il faut se battre pour qu’elle mette son chandail bleu, son choix de brosse à dents à la pharmacie se fixe toujours sur la brosse à dents de Barbie et elle veut sans cesse jouer à la princesse… Jusque-là, rien de bien méchant.

Ce qui m’inquiète, c’est qu’elle commence à dire des choses comme « c’est juste les filles qui peuvent faire ça » ou « ça, c’est juste pour les garçons ». Nous faisons tellement attention de ne pas encourager les stéréotypes dans nos propos quotidiens que je suis un peu découragée de voir qu’elle évolue dans un univers imaginaire peuplé de princesses roses avec des brillants.

Les fois où elle choisit son chandail de Spiderman, son ballon de soccer ou ses petites voitures, j'avoue que je suis toujours légèrement soulagée. Pourtant, si c’était un garçon, ce serait l’inverse. Je lui proposerais de jouer aussi avec les poupées et la cuisinette. Ce qui est absurde dans tout ça, c’est qu’à force de me questionner sur les stéréotypes de genre que je véhicule sans m’en rendre compte ou que, du moins, je laisse passer dans notre filet familial, j’en viens à oublier l’essentiel. Son choix.

Au fond, qu’elle aime le rose et les poupées, ce n’est pas grave. Ça ne change rien à son caractère fort, sa perspicacité, son agilité ou son sens de l’humour. Tant qu’elle aura le choix d’être qui elle veut, je suppose que la couleur de son chandail n’a pas tant d’importance.
 
J’y veille.
Vous battez-vous contre le rose, vous?