« Maman, arrête de dire que tu t’ennuies de tes bébés, je ne peux pas arrêter de grandir! ». Voilà ce que m’a répondu ma fille de onze ans alors que je soupirais intensément devant une de ses photos de poupon. J’ai eu envie de lui rétorquer « Oui mais làààà, tu étais mon petit chou! », puis je me suis ravisée. Elle avait bien raison. Je ne pouvais pas lui mettre des briques sur la tête pour l’empêcher de pousser, cette grande échalote! Alors, pourquoi lui faire sentir que je m’ennuyais de cette époque, comme si le temps de la petite enfance était plus précieux que celui que nous traversions en ce moment?
 
Quelle sorte de message ma nostalgie lui envoyait-elle? Qu’elle était plus adorable à trois ans qu’à onze? Que c’était plus facile de l’aimer quand elle était collée à mes jupes que maintenant qu’elle commence à prendre ses distances? C’est plutôt malsain pour l’estime de soi, ce genre de constat, et je ne voulais surtout pas qu’elle en vienne à ces conclusions parce qu’une vieille photo me rendait un peu trop émotive.
 
Comprenez-moi bien, je ne m’empêcherai jamais de dire combien je la trouvais extraordinaire avec ses frisettes de Boucle d’Or et ses joues rondes de bébé ours, mais je tente de ne pas tomber dans la survalorisation de cette étape de son développement. Elle était et est encore un magnifique être humain et mérite autant d’admiration, frisettes ou pas. Idem pour ma grande ado de quinze ans. Elle n’est pas moins formidable parce que je ne peux plus la prendre dans mes bras (elle me dépasse de deux pouces!).
 
J’ai lu je ne sais plus où que la nostalgie apparaît lorsqu’on n’est pas satisfait de ce qu’on vit présentement et qu’on se met à regretter le passé. Je refuse que mes deux belles grandes filles puissent s’imaginer une seconde être à l’origine de ce sentiment qui, pris sous cet angle, est franchement blessant.
 
C’est pourquoi, la prochaine fois que je m’attendrirai en voyant leurs bouilles de minis sur une photo, je modérerai un peu mes ardeurs, question qu’elles n’aient pas l’impression d’être moins merveilleuses en grand format qu’en petit. Elles le sont tout autant, différemment, et c’est parfait comme ça.

Êtes-vous nostalgique envers vos enfants qui grandissent sans cesse?