Je ne suis pas proche de ma mère. Ni émotionnellement, ni psychologiquement, ni affectueusement, name it.  

Incompatibilité, manque d’intérêt, divergences d’opinions. Je ne me souviens absolument pas pour quelle raison je n’embrasse plus ma mère, je ne lui fais plus de câlins et je ne lui dis plus les mots magiques. C’est arrivé tout doucement, en catimini. Un peu avant la puberté. Sortir de l’enfance a équivalu, pour moi, à perdre le contact avec ma mère. 
 
Nous avons doucement dérivé, chacune de notre côté, sur l’océan de la vie. Étrangement, c’est exactement à ce moment que mon père est sorti de sa coquille et a commencé à démontrer énormément d’affection pour nous (ils se sont séparés à cette époque). J’essaie de ne pas tirer de conclusions trop hâtives (15 ans pour tirer des conclusions, c’est-tu trop hâtif?), mais peut-être que ce facteur a joué un rôle important dans l’équation qui a divisé ma mère et moi.
 
Je ne lui en veux pas de ne pas avoir su garder la « flamme » entre nous, mais il est évident que cela me procure quelque chose qui ressemble à de la nostalgie, de la jalousie aussi, parfois. La petite fille en moi a trouvé son « Prince Charmant ». Il ne lui manque plus qu’une maman à la Gilmore Girls pour que le conte de fées s’accomplisse pleinement. Exit les soirées mère-fille, le magasinage, les rigolades et les confidences. Nos tentatives de garder un certain lien ne l’ont pas emporté sur nos différences mutuelles.

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 La relation mère-fille de mes rêves

Il faut également mentionner que ma mère a perdu sa propre mère il y a quelques années et qu’elle ne s’en est jamais remise totalement. Pourtant, je crois que j’ai découvert une chose : je pense qu’elle a reproduit avec moi le même schéma qu’elle a vécu avec elle. Malheureusement, au fil des ans, j’ai cru comprendre que sa mère lui manquait tant, non pas pour ce qu’elle était, mais pour ce qu’elle n’avait pas été. Toutes ces pensées me hantent, de temps à autre. Je me demande si je vivrai aussi mal le départ de ma mère. Il règne un pattern non résolu au sein des femmes de ma famille, je crois. Tant de questions dont je fais le deuil, par manque d’intérêt.
 
Dans le fond, je ne la juge pas. Je ne la déteste pas. Mais je n’ai pas d’affinités avec cette femme qui m’a pourtant offert la vie. Je lui suis reconnaissante pour les choses qu’elle m’a apprises : le respect, l’intégrité et le sens des responsabilités. Au-delà de ces qualités rigoureuses, j’espère briser cette maladresse relationnelle qui semble relier les femmes de ma lignée.