On dit parfois que, quand on devient parent, on comprend enfin les nôtres. Ce texte d’une collègue de TPL Moms a pour moi été le déclic pour comprendre un élément important par rapport à ma mère. Je me sens maintenant mal de l’avoir jugée.
 

Mon père a toujours été le parent décontracté et ma mère, le pilier de la famille. La capitaine du bateau. Elle haussait le ton plus vite, mais je ne peux pas dire qu’elle était particulièrement sévère. Par contre, une fois de temps en temps, elle explosait. Elle éclatait en sanglots devant tout le monde à l’heure du souper, puis allait s’enfermer dans sa chambre. Cela créait un immense malaise. Mon père nous disait d’attendre, de « la laisser se calmer » avant d’aller la voir. Nous finissions nos assiettes dans l’incompréhension. Des fois, elle se justifiait ensuite en nous disant qu’elle était menstruée.

J’ai déjà dit à mon chum : « Je ne veux pas devenir comme ma mère. Dis-le-moi si je deviens comme ça. »
 

Maman, je m'excuse de t'avoir jugée
Crédit : Epiphonication/Flickr

Je suis maintenant maman à mon tour. J’ai un conjoint super, qui fait bien des choses dans la maison, mais j’ai l’impression que c’est moi qui dois penser à tout ce qui se rattache au bébé. Par exemple, s’il prépare le souper, il ne fait pas d’assiette pour le petit, comme s’il n’osait pas se mêler de l’introduction des aliments. Alors qu’il a toujours Google à portée de la main pour répondre à ses questions dans plein de domaines, quand on touche au développement de l’enfant, JE suis sa source d’informations.

Je sens, comme beaucoup de femmes, le poids de la charge mentale. Pendant mon congé de maternité, j’ai eu l’impression que mon copain ne comprenait pas ce que c’était, de s’occuper d’un bébé à temps plein. J’en parlais à ma mère et elle me disait : « Les hommes n’ont AUCUNE idée de ce qu’on vit comme maman. »

Je comprends maintenant ce qu’elle voulait dire. Malgré le fait d'avoir un conjoint très impliqué, ma mère a toujours été la gestionnaire de la famille. La charge mentale sur les épaules, elle menait aussi sa carrière de front. Je vis également ce dilemme émotif : j’adore mon fils plus que tout, mais j’ai trouvé cela difficile de m’éloigner de mon travail.

Je la comprends d’avoir explosé. Moi aussi, j’ai parfois le goût de pleurer comme mon bébé. Moi aussi, je garde bien des choses en dedans. Et malgré ce que j’ai souhaité, je suis vraiment comme ma mère. Même tempérament. Je vais sûrement pleurer devant mes enfants quand je serai trop fatiguée. Je serai peut-être menstruée, mais ça ne sera pas la cause de ma scène. Une femme a le droit d’être en colère, d’être triste ou épuisée, sans devoir se cacher derrière cette excuse facile.

Je suis comme ma mère et, maintenant, j’en suis fière.

Maman, je t’aime. Je m’excuse.