Après quelques discussions avec les autres collaboratrices de TPL Moms, je me suis aperçue que nombre d’entre elles, même pleines de bonne volonté, n’avaient pas toujours un plan concret pour outiller leurs enfants contre le racisme.

Ça prend un plan? Ça ne suffit pas d’être ouvert?
Les parents prônent souvent l’égalité devant leurs enfants. En leur expliquant que tout le monde est égal et que personne n’est supérieur à d’autres, nous pensons ainsi immuniser nos enfants à des comportements racistes. Or, les études démontrent que cette façon de faire, bien qu’elle parte de sentiments louables, n’est pas seulement inefficace, mais pourrait même provoquer l’effet contraire.

En effet, en ne leur montrant que l’égalité et non les injustices, les enfants auront plus de chances d’être aveugles au racisme, habitués à ne pas le voir ou même, à nier son existence.
Mais les enfants ne sont pas nonos : ils s’apercevront que les poupées noires sont perçues comme moins belles que les poupées blanches, ils verront qu’autour d’eux, il y a peu de mariages interraciaux, que leurs personnages préférés dans les livres et les super héros sont Blancs.

Faute d’explications de notre part, ils comprendront que nous endossons le monde tel qu’il est. Faute de réaction de notre part, ils comprendront que le monde « juste et beau » que nous valorisons est celui qui existe déjà. Ce monde pourtant empreint d’un certain racisme conscient ou inconscient et de privilège blanc est celui qui est endossé et justifié par ses propres parents!



Crédit : Giphy

En somme, si nous n’éduquons pas explicitement nos enfants à voir le racisme, si on ne le pointe pas directement du doigt, si nous n’avons pas de conversations inconfortables à ce sujet avec eux, la société s’en occupera. La société qui n’est pas du tout aveugle à la couleur, elle. Ils penseront que le monde réel où les Blancs ont plus de privilèges, où les personnes racisées sont invisibilisées, est, dans les faits, le monde que nous prônons. Ils se diront que les préjugés ont leur raison d’être puisque la société est, selon nos dires, égale et juste.
 
Alors, comment faire?
C’est inconfortable, mais plutôt que de ne rien dire du tout ou même seulement parler d’égalité avec de bons sentiments, il vaut mieux en parler ouvertement. Pointer du doigt les angles morts de notre société. Leur expliquer avec de vrais mots, sans esquiver leurs questions embarrassantes.

  • As-tu remarqué que dans le livre, il n’y a que des enfants blancs? C’est souvent comme ça dans les livres, c’est dommage parce que dans la vie, il y a des enfants de beaucoup de couleurs différentes.
  • Tu peux jouer avec des enfants d’autres couleurs de peau que la tienne. Le sais-tu?
  • As-tu remarqué que tante Mimi et oncle Jacques ne sont pas de la même couleur? Il y a des gens qui n’aiment pas ça quand les gens de couleurs différentes sont ensemble, mais pas nous. Nous on pense que tout le monde a le droit d’être amoureux.

Le podcast Longest Shortest Time donne plusieurs autres conseils.

Ça vous paraît exagéré? C’est à partir de trois ans que l’on commence à voir un biais concernant la couleur de peau chez les enfants. Si nous ne voulons pas que nos enfants se retrouvent dans la catégorie (presque la moitié!) des enfants qui ne savent pas ce que leurs parents pensent des personnes noires ou s’il leur est même permis par leurs parents d’avoir un ami noir (plus du tiers des enfants), vaut mieux commencer à avoir ces conversations à la maison... plutôt que de laisser la société toute seule, avec tous les préjugés qu’elle véhicule, s’en charger à notre place.

De quelle façon éduquerez-vous explicitement vos enfants à ne pas devenir racistes?