Notre collègue Vanessa parlait l’autre jour de comment les femmes ont, pour la plupart, sur leurs épaules, la charge mentale du bien-être de la famille (article partagé plus de 5 000 fois). Disons que ce genre de texte aide souvent à commencer une discussion dans les ménages, merci pour ça, mais je me demande vraiment à quoi certains hommes hétérosexuels pensent lorsqu’ils voient leur femme, blonde et/ou mère de leurs enfants ramer comme ça. 

Soir de semaine quelconque, après le souper. Nous venons de souper en famille, le petit dernier joue avec sa bouffe, le plus grand crie parce qu’il veut écouter une émission avant de prendre son bain. On manque de lait. Je me lève tranquillement pour commencer la vaisselle. Souvent on est submergé.e par les tâches quotidiennes, alors ce soir-là, il y a le lave-vaisselle à vider et la vaisselle des deux derniers jours à faire. 

Je vide le lave-vaisselle. Le plus grand continue sa crise. Mon mari met la télé pour calmer le tout, le plus petit n'a pas encore fini son assiette malgré la dernière heure à picosser un repas qu’il aime pourtant beaucoup. Le lave-vaisselle est vide. Je commence la vaisselle. Mon mari ouvre son laptop pour regarder je ne sais quoi. Il vient de se passer trente minutes et si je ne dis rien, je sais que rien ne se passera. Je suis fatiguée, il approche 20 h. Je demande à mon mari d’aller acheter du lait au dépanneur le temps de décompresser. Je finis la vaisselle, je mets les deux enfants dans le bain. Je les lave. Il revient. J’entends la voiture se stationner dans l’entrée. J’ai envie de pleurer, de crier. 

Je sais que ce n’est pas de la faute de mes enfants si mon mari ne voit pas que je rame toute seule. Avoir su que ça m’aurait donné de l’aide, je serais partie acheter du lait entre le boulot et la garderie. 

J’habille les petits. Je les couche. Ils veulent papa pour dormir. Je me dis que ce serait le temps de faire une brassée, car le beau temps qui arrive rime avec tout le linge crotté de sable de la garderie. Je pars le lavage. Il est 21 h. J’ai encore envie de pleurer et de me coucher. 

22 h. J’essaie de me coucher. Avant ça, j'attendais que la laveuse ait fini son cycle pour ne pas oublier une énième brassée et que ça ne pue pas. Je me couche en me disant que les planchers sont dégueulasses, que je devrais plier cette brassée je sais pas quand. Mon mari me demande où sont cachés ses boxers propres. Il a pris sa douche ce soir, car il a un truc important demain tôt. Je trouve les boxers. Je me couche. La tête pleine, encore, comme si je devais driver la famille encore et toujours. Comme si mon conjoint était un autre enfant à charge. 

Alors je me pose la question, sérieusement, en fait, messieurs, je vous pose la question : qu’est-ce que vous ne voyez pas dans l’organisation des tâches de la maison pour ne pas intervenir? Pourquoi vous attendez qu’on vous dise quoi faire? Qu’on vous pointe l’aide à coups de signaux lumineux pour que vous agissiez et que vous nous aidiez? Comment ça se fait qu’on se retrouve entre mamans et qu’on se rende compte que c’est aussi inégal? Je sais bien que ce n’est pas #NotAllMen, mais à un manné, faudra parler à vos petits amis, parce qu’on est tannées.