« Il était une fois... » C'est souvent comme ça que commencent les contes de fées, ou les belles histoires. Mais pas la mienne. Quand mes parents heureux m'ont annoncée, personne n'a été emballé. Quand je suis née, je n'ai pas non plus apporté la joie, car ma mère voulait à un garçon. Imaginez sa déception. Pas d'échographies à cette époque, juste une intime conviction, ou plutôt un désir profond anéanti par la mise au monde d'une petite fille, moi...
Cette erreur de la nature fut le prémisse d'une enfance de sévices, de beaucoup trop d'amour de mon père, et du rejet de ma mère.

Elle fut tout aussi attristée par la naissance de son deuxième, mais connut enfin l'enchantement à l'arrivée de son troisième. Depuis ce jour, il est d'ailleurs son préféré, au détriment de moi, son aînée, la fille, et du deuxième, dont la différence n'a jamais été acceptée, au profit de ce benjamin parfait dont, depuis toujours, elle rêvait. En grandissant, rien n'a changé, il a gardé son statut, et ce, malgré sa dépression. Mon cadet fut envoyé en pension, « pour son bien » (finalement, avec le recul, je l'envie d'avoir été expatrié toutes ses années), et moi, je suis devenue la boniche de la maison, le seul être qui m'aimait ayant disparu. 

Eh oui, à dix ans, je devenais la maman de son benjamin adoré qu'elle n'arrivait plus à assumer. Je devenais la maîtresse de maison, ma propre mère préférant pleurer sur son sort plutôt que faire des efforts pour nous. Cette maturité précoce engendrait des réflexions, des moqueries de mes camarades. Je n'ai jamais connu les anniversaires entre copains, je n'ai jamais pu profiter de mes amis chez moi. Notre présence était déjà un fardeau, alors imaginez celle d'inconnus!

Tandis que les amis de mon âge s'inquiétaient pour leur argent de poche, je m'inquiétais pour le loyer ou la facture d'électricité... Un décalage que les enfants entre eux ne pardonnent pas et qui vous marque à jamais. Depuis cette période, j'ai compris que la vie, ce n'était pas le paradis, mais je me suis accrochée, et je suis fière, car, aujourd'hui, j'ai gagné! Je suis devenue celle que j'ai toujours voulu être, une vraie maman, qui aime ses enfants, et qui se sacrifie pour eux, et ce, juste pour les voir heureux.

Et il n'y a aucun bonheur plus grand que celui de voir sourire de mes enfants! Envers et contre tout, je ferai toujours tout pour ne jamais être elle, cette femme qui admet volontier avoir toujours été plus épouse que mère. Alors qu'elle aurait faire mon bonheur, elle m'a reproché tous ses malheurs. Voilà mon enfance.