Depuis l’âge de seize ans, j'avais ce désir d’enfant. Dans mon cas, c'est sans doute un manque affectif à combler, et ma raison m'a conseillé d'attendre la vingtaine pour devenir maman.

Je suis tombée enceinte dans ma vingt-quatrième année, et j'ai accouché dans ma vingt-cinquième. Une grossesse agréable, un peu de fatigue.

Fort heureusement pour moi, les nausées m'ont épargnée et c’était ma première grossesse, donc pas d'autres enfants à gérer. L’annonce de cette nouvelle génération en a enchanté certains, offusqué d'autres, mais mon bonheur estompait toutes ces ondes négatives pour n’absorber que le meilleur. L’arrivée de cette princesse se préparait tranquillement même si j'étais très pressée de la tenir dans mes bras. Chambre, poussette, landeau, vêtements, biberons… il ne manquait rien. Surtout pas les biberons, car, bizarrement, à l'époque, je trouvais l'allaitement dégoûtant. 

Quelques fausses alertes, une grosse frayeur quand j'ai glissé sur une plaque de verglas et atterrie sur le ventre, et finalement le jour tant attendu du terme… Sauf que la future princesse ne semblait pas décidée à affronter le froid de janvier et que la sage-femme avait prévu de la motiver un peu dès le lendemain. Retour à la maison pour moi, un peu déçue mais très impatiente d’être au lendemain. Le futur parrain, qui était venu espérant découvrir sa filleule, a dû rentrer chez lui, à une heure de route, car le travail l'attendait. Sa femme, enceinte, a voulu rester. Le voilà parti. Maman, papa et cette amie, après avoir passé une soirée à refaire le monde, décidèrent d’aller se coucher afin d’être en forme pour le lendemain. J'ai eu beaucoup de mal à m’endormir, stressée à la perspective d'un déclenchement, mais aussi impatiente. J'y suis tout de même parvenue, mais j'ai été éveillée peu de temps après par de violentes contractions et j'ai perdu du liquide.

Retour à la maternité, la sage-femme fut surprise de me revoir et perplexe quand à la perte de ce liquide. Finalement, après examen, je me suis retrouvée en salle de travail, c’était le moment de la rencontre! Comme jamais rien n'est simple chez nous, le parrain, dont la femme m'avait accompagnée l’après-midi même pour la visite de contrôle, était reparti avec la valise de la maternité dans le coffre, à une heure de route. Une vraie course contre la montre a alors commencé. Heureusement que ma fille n’était pas pressée de pointer le bout de son nez…

La valise récupérée, la péridurale posée, bébé est enfin arrivé. Devant ce miracle de la vie, tous mes préjugés se sont envolés et j'ai demandé à allaiter ma poupée… ça a duré huit mois!

Je n'ai jamais ressenti autant d'amour ni éprouvé autant de bonheur et de sérénité qu'en donnant le sein à ma fille. Sans oublier le plaisir ressenti d'afficher des décolletés alors que la nature avait été plutôt radine de ce côté-là (ben oui, je reste femme avant tout hein).

Finalement, l'allaitement (qui me gênait tant), bien que fatiguant et très prenant, est devenu un réel plaisir que j'ai pratiqué avec mes cinq autres enfants... et j'ai pleuré lors chaque sevrage!