Il est parfois difficile de nous rappeler celles que nous étions avant de nous faire appeler maman. Qui étions-nous? Une pâle version de nous-mêmes? Ou, au contraire, avons-nous perdu de nos couleurs en enfantant? Le magnifique projet Instagram Mothers Before m’a fait réfléchir et j’ai voulu m’en inspirer pour réaliser une galerie de photos de nous, les TPL Moms, avant/après que nous soyons devenues parents.

J’ai demandé que la photo « avant » montre un aspect de nous que nos enfants ne voient pas du tout ou voient très peu. De ce que nous étions (et sommes peut-être encore) avant, question qu’ils aient accès à cette part de nous qui reste plus mystérieuse pour eux. 

En lisant les magnifiques commentaires des autrices de TPL Moms, on voit clairement que nos expériences sont diverses, variées. Certaines s’ennuient de la désinvolture qui caractérisait leur rapport au monde avant d'avoir un enfant.

« Je pense que c'est l'insouciance dans le regard qui a changé. Ce soir, ça me rend nostalgique... Je me sens tellement "dédiée”. »

D’autres, l’âge et l’expérience aidant, sont mieux dans leur peau, plus au diapason avec elles-mêmes.

« Sur la première, j'ai 24 ans, je vis dans une relation abusive, je viens de recevoir mon diagnostic de TAG et TOC, je cherche comment m'en sortir, j'explore une féminité qui ne me sied pas, je suis mal dans mon cœur, dans ma tête, dans mon être. Sur la seconde, j'ai 34 ans. j'assume mon apparence plus androgyne, mon féminisme radical, ma grande gueule, je suis bien dans mon corps, dans mon cœur, dans ma tête, je me soigne... pour mes enfants et pour moi, enfin. Je me sens en adéquation avec la petite fille tomboy de 8 ans que j'étais. »
 
Le but de l’exercice n’était pas de se dire si c’était « mieux » ou « pire » avant, mais plutôt de révéler cette part de nous, de ce qui nous constitue, qui demeure parfois plus dans l’ombre depuis que nous avons des enfants. De lever le voile sur nous-mêmes. De nous exposer telles que nous avons été, telles que nous sommes parfois encore, à l’aide d’une photo avant/après. De montrer notre identité multiple, complexe, diverse.
 
Ces femmes  d’« avant » ne sont pas plus belles, mais elles sont des parties de nous-mêmes, difficilement enterrées ou parfois un peu oubliées. Nous voulions les rappeler.
 
Y a-t-il des aspects de vous qui se sont estompés avec le temps et la maternité?

Avant : Carolane directement dedans une fontaine à Lyon. #yolo

Crédit: Carolane Stratis

Avant : Carolane directement dedans une fontaine à Lyon. #yolo

J'aimerais que mon fils puisse un jour voir ce côté de moi plus libre, plus flirty, plus spontané, plus osé que j'ai tendance à oublier un peu en étant maman. Qu'il comprenne que je suis éprise de liberté. Je suis certes aujourd'hui plus calme, moins éparpillée aussi. Peut-être parce que c'est lui qui met de la vie partout, maintenant.

Crédit: Caroline Dawson

J'aimerais que mon fils puisse un jour voir ce côté de moi plus libre, plus flirty, plus spontané, plus osé que j'ai tendance à oublier un peu en étant maman. Qu'il comprenne que je suis éprise de liberté. Je suis certes aujourd'hui plus calme, moins éparpillée aussi. Peut-être parce que c'est lui qui met de la vie partout, maintenant.

Sur la première j'ai 24 ans et c'était un shooting photo pour retrouver la confiance en moi après une rupture très difficile Après presque 5 ans de relation. Je regardais en avant en étant convaincue que je trouverais de nouveau le bonheur. Juste pour moi-même.

Crédit: Annie-Pier Couture

Sur la première j'ai 24 ans et c'était un shooting photo pour retrouver la confiance en moi après une rupture très difficile Après presque 5 ans de relation. Je regardais en avant en étant convaincue que je trouverais de nouveau le bonheur. Juste pour moi-même.

Sur la première photo, j'avais 23 ans, je voyageais toute seule pour la première fois. Je suis devant l'une des colonnes du Panthéon. J'ai toujours adoré cette photo. Je venais de découvrir que j'avais la force de faire ben des affaires. À droite ben, le sourire de la mom qui court mais qui réussit pareil.

Crédit: Cynthia Chartier

Sur la première photo, j'avais 23 ans, je voyageais toute seule pour la première fois. Je suis devant l'une des colonnes du Panthéon. J'ai toujours adoré cette photo. Je venais de découvrir que j'avais la force de faire ben des affaires. À droite ben, le sourire de la mom qui court mais qui réussit pareil.

Sur la première (2005), j'ai 24 ans, je vis dans une relation abusive, je viens de recevoir mon diagnostique de TAG et TOC, je cherche comment m'en sortir, j'explore une féminité qui ne me sied pas, je suis mal dans mon coeur, dans ma tête, dans mon être. Sur la seconde (2015), j'ai 34 ans... J'assume mon apparence plus androgyne, mon féminisme radical, ma grande gueule, je suis bien dans mon corps, dans mon coeur, dans ma tête, je me soigne... pour mes enfants et pour moi, enfin. Je me sens en adéquation avec la petite fille tomboy de 8 ans que j'étais.

Crédit: Emilie Sarah Caravecchia

Sur la première (2005), j'ai 24 ans, je vis dans une relation abusive, je viens de recevoir mon diagnostique de TAG et TOC, je cherche comment m'en sortir, j'explore une féminité qui ne me sied pas, je suis mal dans mon coeur, dans ma tête, dans mon être. Sur la seconde (2015), j'ai 34 ans... J'assume mon apparence plus androgyne, mon féminisme radical, ma grande gueule, je suis bien dans mon corps, dans mon coeur, dans ma tête, je me soigne... pour mes enfants et pour moi, enfin. Je me sens en adéquation avec la petite fille tomboy de 8 ans que j'étais.

Je suis une intello geek blasée qui trouve pas sa place. J'aime aller me foutre devant un haut parleur géant et sentir la vibration de la musique me transpercer. Je ferme mes yeux et je m'invente des histoires. Pendant une nuit, je peux être qui je veux, dans l'univers que je veux. Dans ma tête, je n'ai pas d'âge. Je vibre. Jusqu'au levé du soleil. Un jour, j'ai trouvé un canal pour exprimer les choses électriques qui me passaient par la tête. Puis, le jour s'est lèvé, j'ai gardé les yeux ouverts, ma belle histoire n'a plus besoin de noirceur et de vibrations pour se raconter. J'ai une vie sur les genoux.

Crédit: Julie Marchiori

Je suis une intello geek blasée qui trouve pas sa place. J'aime aller me foutre devant un haut parleur géant et sentir la vibration de la musique me transpercer. Je ferme mes yeux et je m'invente des histoires. Pendant une nuit, je peux être qui je veux, dans l'univers que je veux. Dans ma tête, je n'ai pas d'âge. Je vibre. Jusqu'au levé du soleil.

Un jour, j'ai trouvé un canal pour exprimer les choses électriques qui me passaient par la tête. Puis, le jour s'est lèvé, j'ai gardé les yeux ouverts, ma belle histoire n'a plus besoin de noirceur et de vibrations pour se raconter. J'ai une vie sur les genoux.

C'était il y a 10 ans et demi. J'ai appris que j'attendais Rose 7 mois après notre rencontre. On a tellement vécu ensemble: on est devenus des adultes, des parents et nous avons appris à s'aimer. Je suis vraiment fière de nous.

Crédit: Arianne Joanette

C'était il y a 10 ans et demi. J'ai appris que j'attendais Rose 7 mois après notre rencontre. On a tellement vécu ensemble: on est devenus des adultes, des parents et nous avons appris à s'aimer. Je suis vraiment fière de nous.

Cette fille a 17 ans, beaucoup trop de culot, ne réfléchit pas vraiment, dort énormément et boit de la Bleue. Cette fille a 36 ans, deux enfants, réfléchit trop, assume ses sourcils, ne dort pas et boit du café.

Crédit: Johanne Lachance

Cette fille a 17 ans, beaucoup trop de culot, ne réfléchit pas vraiment, dort énormément et boit de la Bleue.
Cette fille a 36 ans, deux enfants, réfléchit trop, assume ses sourcils, ne dort pas et boit du café.

En Thaïlande, probablement chaude comme une botte mais heureuse. Ce même soir, on avait passé la soirée à fêter dans les bars. On était jeunes, on visitait le monde, on avait pas peur de grand choses et on était vraiment yolo dans le choix de nos activités. Je ne considère pas que j'ai vraiment changé. J'ai seulement moins de temps, d'énergie et d'argent pour faire tout ce que je faisais. Je suis assurément moins insouciante aussi. Mais, je suis restée la même personne au fond de moi… Je crois que ce qui a le plus changé chez moi, c'est mon regard. Je suis clairement moins naïve, plus consciente mais j'espère avoir encore cette folie et cette envie d'explorer un peu yolo que j'ai toujours eue.

Crédit: Véronique Landry

En Thaïlande, probablement chaude comme une botte mais heureuse. Ce même soir, on avait passé la soirée à fêter dans les bars. On était jeunes, on visitait le monde, on avait pas peur de grand choses et on était vraiment yolo dans le choix de nos activités.

Je ne considère pas que j'ai vraiment changé. J'ai seulement moins de temps, d'énergie et d'argent pour faire tout ce que je faisais. Je suis assurément moins insouciante aussi. Mais, je suis restée la même personne au fond de moi… Je crois que ce qui a le plus changé chez moi, c'est mon regard. Je suis clairement moins naïve, plus consciente mais j'espère avoir encore cette folie et cette envie d'explorer un peu yolo que j'ai toujours eue.

Avant/après : qui étaient les TPL Moms avant de devenir mamans?

Crédit: Vicky B.

Avant/après : qui étaient les TPL Moms avant de devenir mamans?

J'avais plus d'attitude, plus de lassitude. Je vivais le moment présent avec intensité, je dormais peu et je me lâchais parfois lousse dans les drinks sucrés! Maintenant, j'ai découvert une autre facette de mon moi, et j'aime ce que je découvre encore chaque jour grâce à ma fille!

Crédit: Gauche : Myriam Descarreaux. Droite : Alexandra Quinn

J'avais plus d'attitude, plus de lassitude. Je vivais le moment présent avec intensité, je dormais peu et je me lâchais parfois lousse dans les drinks sucrés! Maintenant, j'ai découvert une autre facette de mon moi, et j'aime ce que je découvre encore chaque jour grâce à ma fille!

Photo #1 :Jeune vingtaine. Tellement d'insouciance. Mais en même temps, tellement de bruit à tenter d'ignorer dans ma tête et mon cœur. J'aimerais encore avoir cette capacité de voir la vie toute douce, de laisser couler le temps. Je me demandais encore ce que j'allais être quand "J'allais être grande" Photo #2: 26 ou 27 ans. Maman depuis 24 heures, même pas. Ma face, c'est un : "Oh! NOW I get it.". Y'avait un grenier, un sous-sol pis une rallonge qui s'était greffé à mon coeur en même pas une journée. Je vois une détermination et une force nouvelle dans mes yeux aussi.

Crédit: Chrystel Harding

Photo #1 :Jeune vingtaine. Tellement d'insouciance. Mais en même temps, tellement de bruit à tenter d'ignorer dans ma tête et mon cœur. J'aimerais encore avoir cette capacité de voir la vie toute douce, de laisser couler le temps. Je me demandais encore ce que j'allais être quand "J'allais être grande"
Photo #2: 26 ou 27 ans. Maman depuis 24 heures, même pas. Ma face, c'est un : "Oh! NOW I get it.". Y'avait un grenier, un sous-sol pis une rallonge qui s'était greffé à mon coeur en même pas une journée. Je vois une détermination et une force nouvelle dans mes yeux aussi.

Photo 1: il y a presque 10 ans, dans le temps où jetais une petite jeunesse de 23 ans et que dans la maison, c'est moi qui me déguisait à l'Halloween. Photo 2: 8 ans plus tard, je porte maintenant des robes beaucoup plus class et ce n'est plus moi qui se déguise dans la maison!

Crédit: Marie-Odile Legaré

Photo 1: il y a presque 10 ans, dans le temps où jetais une petite jeunesse de 23 ans et que dans la maison, c'est moi qui me déguisait à l'Halloween.
Photo 2: 8 ans plus tard, je porte maintenant des robes beaucoup plus class et ce n'est plus moi qui se déguise dans la maison!

Je me sens plate, mais sauf mon style vestimentaire de éclaté à normal et mes cheveux de super long à rasé, je n'ai pas vraiment changé en étant mère. Je continue de voyager, je continue de me coucher tôt et de boire relativement modérément.

Crédit: Fannie Dionne

Je me sens plate, mais sauf mon style vestimentaire de éclaté à normal et mes cheveux de super long à rasé, je n'ai pas vraiment changé en étant mère. Je continue de voyager, je continue de me coucher tôt et de boire relativement modérément.

Avant: Il y a quelques années, je suis partie seule pour faire le tour de la Grande-Bretagne. Sur cette photo, je venais de faire un parcours de zip line en Angleterre, très haut dans les arbres et j'étais fière d'avoir vaincu ma peur des hauteurs! Après: Je suis épanouie dans mon rôle de maman. Sauf que je me rends compte que je n'ai aucune photo de moi seule depuis la naissance de ma fille!

Crédit: Rachel Auclair

Avant: Il y a quelques années, je suis partie seule pour faire le tour de la Grande-Bretagne. Sur cette photo, je venais de faire un parcours de zip line en Angleterre, très haut dans les arbres et j'étais fière d'avoir vaincu ma peur des hauteurs! Après: Je suis épanouie dans mon rôle de maman. Sauf que je me rends compte que je n'ai aucune photo de moi seule depuis la naissance de ma fille!

Avant, je mange tranquille au restaurant. Maintenant, je n'ai même pas encore vu la couleur de ma nourriture qu'il n'y a rien qui soit à son endroit d'origine sur la table!

Crédit: Vicki Juneau

Avant, je mange tranquille au restaurant. Maintenant, je n'ai même pas encore vu la couleur de ma nourriture qu'il n'y a rien qui soit à son endroit d'origine sur la table!

Je pense que c'est l'insouciance dans le regard, qui a changé. Ce soir ça me rend nostalgique, un brin triste (week-end sous le thème de l'otite). Je me sens tellement "dédiée". Aaaaaah, les soirées sans lendemain de la vingtaine!

Crédit: Estelle GB

Je pense que c'est l'insouciance dans le regard, qui a changé. Ce soir ça me rend nostalgique, un brin triste (week-end sous le thème de l'otite). Je me sens tellement "dédiée". Aaaaaah, les soirées sans lendemain de la vingtaine!

Ma vie est moins calme, mais je suis plus sereine. Ma vie est moins trépidante et diversifiée, mais je suis plus complète. Elle fait plus de sens. Ce que j'ai perdu en spontanéité, je l'ai gagné en joie pure, vraie, durable. Cette phrase du livre La femme qui fuit m'a particulière touchée, alors que l'auteure parle de ses enfants: "nous serons libres, ensemble ". C'est comme ça que je me sens avec mes filles. (

Crédit: Véronique Laurin

Ma vie est moins calme, mais je suis plus sereine. Ma vie est moins trépidante et diversifiée, mais je suis plus complète. Elle fait plus de sens. Ce que j'ai perdu en spontanéité, je l'ai gagné en joie pure, vraie, durable. Cette phrase du livre La femme qui fuit m'a particulière touchée, alors que l'auteure parle de ses enfants: "nous serons libres, ensemble ". C'est comme ça que je me sens avec mes filles. (

Cette fille a 24 ans. Elle est libre, sans attaches. Elle carbure aux livres, aux imprévus et à la fête. Rêveuse, bohème et idéaliste, elle n'a pas vraiment de trajectoire, elle veut vivre, simplement. Elle se préfère lorsqu'elle est dépouillée de tout, un sac au dos. Près de 15 ans plus tard, elle a réussi à se faire pousser quelques racines. Elle est plus calme, mieux groundée. Elle aime encore vivre, simplement et entend toujours l'appel du large. Encore bohème mais plus lucide, elle carbure à l'amour de ses hommes, au café et aux imprévus. Elle n'a plus vraiment le temps de lire.

Crédit: Geneviève Bouchard

Cette fille a 24 ans. Elle est libre, sans attaches. Elle carbure aux livres, aux imprévus et à la fête. Rêveuse, bohème et idéaliste, elle n'a pas vraiment de trajectoire, elle veut vivre, simplement. Elle se préfère lorsqu'elle est dépouillée de tout, un sac au dos.
Près de 15 ans plus tard, elle a réussi à se faire pousser quelques racines. Elle est plus calme, mieux groundée. Elle aime encore vivre, simplement et entend toujours l'appel du large. Encore bohème mais plus lucide, elle carbure à l'amour de ses hommes, au café et aux imprévus. Elle n'a plus vraiment le temps de lire.