Quand j’étais toute petite, j’étais toujours énervée d’entendre le téléphone sonner le samedi matin. C’était forcément une amie qui appelait pour qu’on puisse jouer ensemble. Bonheur! Joie! Oui, on y va!
 
Puis, il y avait toujours ce mautadit moment plate où je devais passer le téléphone à ma mère parce qu’elle devait parler à la mère de mon amie pour arranger tout ça, pour savoir qui va reconduire qui.
 
« Allô! Bonjour madame! OUIN! NOS FILLES, EN TOUT CAS, ELLES S’ARRANGENT BIEN, HEIN? » Pis ce fou rire de mères qui font du small talk… pis moi, je meurs littéralement devant elle parce que je trouve ça tellement plate.
 
Et quand l’amie débarquait, maman finissait toujours par avoir une autre conversation avec l’autre maman, une conversation que je n’avais tellement pas envie d’entendre parce que ça ne parlait pas de mes jeux ou de mon chanteur préféré…
 
Aujourd’hui, presque 30 ans plus tard, je fais un constat : Je suis pareille qu'elle! Ma fille est invitée à jouer chez son amie? Évidemment que je vais avoir un small talk avec la maman de l’amie en question. Et sur la galerie, j’ai ma presque-cinq-ans qui roule les yeux à s’en fouler les orbites.
 
Constat plate : Je suis CETTE mère. Je suis comme ma mère.
 
Eh oui! Je suis rendue à aimer ça, aller faire l’épicerie et capoter sur les spéciaux de la semaine.
Ça ne me dérange pas, les small talk de parents, tant que je sais que ma fille s’amuse avec ses ami.e.s. Même que, je l’avoue, je trouve ça sympathique.
J’aime ça, aller flâner chez l’horticulteur et passer une heure à choisir quels plants de tomates je vais acheter cette année. Et le compost? C’est lequel le meilleur, monsieur? Crevettes ou mouton?
J’aime ça me fourrer le nez dans un gros bouquet de lilas et juste respirer mille fois.
 
J’aime faire ces choses, même si ma presque-cinq-ans me tire par la manche avec exaspération parce que c’est plate et que ce serait tellement plus drôle de jouer à la Pat'Patrouille et de lui inventer une 132e mission à accomplir à bord de l’hélicoptère de Stella.
 
L’autre jour, j’ai téléphoné à maman, et je lui ai donné rendez-vous chez l’horticulteur. Nous avons acheté des lilas ensemble. On a fait le tour des plants de tomates, on a choisi ses fleurs pour ses plates-bandes. J’aurais aimé avoir tout l’après-midi à flâner à cet endroit avec elle.
 
Si à cinq ans je n’en pouvais plus de ces activités de « mères », aujourd’hui je suis juste heureuse de pouvoir le partager un peu avec elle.