Le 6 juin, j'ai eu la chance d'assister à une présentation de la rentrée Gallimard (le distributeur, pas l'éditeur). Non seulement j'ai eu des primeurs sur tout ce qui allait sortir chez P.O.L., Héliotrope, et j'en passe, mais j'ai aussi eu le plaisir de passer la journée avec des libraires. Dans les dizaines de livres qui sortiront cet automne, j'en ai repéré quelques-uns qui me paraissent intéressants et qui pourraient vous plaire.

1. Les argonautes de Maggie Nelson
C'est la traduction de l'essai biographique de Maggie Nelson, qui fait d'ailleurs beaucoup de bruit au sud de la frontière. Ça parle de la transformation du corps vu comme un vaisseau dont on remplace les parties au fur et à mesure : corps de l'autrice enceinte qui se sent changer physiquement et sensoriellement, corps de son amoureux trans qui s'injecte du T, se découvre des muscles nouveaux, change, lui aussi. Je pourrais vous dire de le lire parce qu'on ne décrit pas assez la réalité des familles queer et ce serait vrai, mais je vous dis surtout de le lire parce que l'extrait que l'éditeur nous a lu était magnifiquement écrit et parce que c'est une histoire d'amour, au final.

2. La fin de Mame Baby de Gaël Octavia
Dans une ville si petite qu'on l'appelle le Quartier, Mariette, atteinte de rhumatismes après avoir traîné le cadavre de son fils mort, se fait soigner. D'abord par Suzanne, l'amoureuse éplorée du fils (ce que Mariette semble avoir oublié), puis par Aline, l'infirmière revenue au Quartier après sept ans d'exil. Les personnages sont concrets, drôles et dramatiques dès le départ. L'écriture est précise. L'histoire tisse les liens entre ces femmes et Mame Baby, idole du Quartier morte mystérieusement. 

3. Le monde est à toi de Martine Delvaux
L'autrice, intellectuelle, professeure émérite, romancière (bref, on ne la présente plus), écrit une lettre à sa fille. Elle répond aussi à toutes ces questions qu'on pose à une mère féministe et elle y répond avec son habituelle pertinence. « C'est une lettre d'amour, écrit Delvaux, dans la suite du geste que je pose quand je la prends dans mes bras, son long corps élancé que je ne peux plus attraper en entier, et que je lui dis que je l'aimerai toujours. »  

4. By the rivers of Babylon de Kei Miller
Le deuxième roman de Miller raconte l'histoire d'une grand-mère rastafari (déjà, j'aime les histoires avec des grand-mères). Cette dernière, aveugle, sent l'odeur de la tragédie arriver de l'école lorsque son petit-fils revient à la maison, les dreads rasées par son instituteur. Pour endiguer sa peine et occuper le temps jusqu'à l'arrivée de sa mère qui, évidemment, sera furieuse, elle lui fait le récit de l'événement extraordinaire qu'elle a vécu dans sa jeunesse. Je n'en dis pas plus.

5. Belle merveille de James Noël
C'est le premier roman de Noël, qu'on connaît surtout pour sa poésie. Ça raconte le séisme de 2010, les dérives impérialistes des ONG, l'arrivée du choléra à travers la vie d'un survivant qui peine à se remettre de ce bouleversement. Ça le raconte avec un certain humour, dans une langue imagée, sans misérabilisme, ce qui nous change agréablement de la façon dont certains médias ou certains éditeurs parlent d'Haïti.  

6. Fille de l'air de Fiona Kidman
Fiona Kidman écrit la biographie d'une grande figure néo-zélandaise. Jean Batten, aviatrice du vingtième siècle qui a battu plusieurs records, voit sa mémoire réhabilitée, en quelque sorte, par cet ouvrage. Je ne la connaissais pas du tout malgré ses trophées et ses records, et je crois que j'ai envie de la découvrir.

Voilà! J'espère que vous avez aussi hâte que moi de voir ces livres sur les tablettes!