Le processus pour engendrer la vie. Le plaisir maintenant lié à un cycle, minuté, mesuré. Les rires de nous voir si mécaniques, si peu spontanés. La complicité de ces moments. L'espoir qui naît à chaque jour de retard, les dizaines de tests « défectueux », les hormones qui jouent les symptômes d'un résultat positif. Les larmes qui coulent à la première apparition de gouttelettes rouges.
Puis, le petit plus. Celui qui annonce le plus + 1 qui habitera le même espace que moi pour les prochains mois. La joie qui se mêle à la peur. Et si mon corps maison ne lui convenait pas? Et s'il partait trop vite?

Crédit : Natacha Gagné

Mais le corps qui convient, le germe de vie qui s'accroche! Le corps qui bouge, qui change. Les compliments, les émotions, les « ben voyons donc, le linge quétaine de madame », les amies à la rescousse, les amies qui encouragent, les amies qui ont vécu. Le petit nid qui se construit, la famille qui devient. Les rêves qui me séparent de mon modèle maternel. C'est les hormones, c'est sûr!
L'accouchement, le moment le plus intense de ma vie. Trente-deux heures. Le premier câlin. Le cœur qui explose. Petit Eliott qui part avec les infirmières. Le cœur qui implose. La solitude d'être nue devant un médecin qui parle travail en rapiéçant des bouts de ce qui, jusqu'à cette grossesse, avait été un jardin secret.

Crédit : Natacha Gagné
 
Le bonheur de tenir Eliott. De chanter pour lui. La force de sentir que mon corps a pu produire un être si merveilleux. L'impuissance devant les infirmières qui, trop habituées d'être entourées de bébés, nous infantilisent aussi. Les deux infirmières qui font la différence, qui rassurent et nous font confiance. Mon amoureux qui, après avoir tout donné pour nous trois, cède à la pression d'une semaine d'hospitalisation, d'un petit malade et d'une amoureuse épuisée. Mon premier instinct de maman qui s'éveille fort, plus fort que toute la fatigue. Mon premier contact avec cet ensemble invisible, mais solidaire que forme la communauté des mamans alors que j'appelle sa mère, la seule qui pourra être un baume sur son cœur. La déchirure de sentir que je n'ai pas pu trouver en la mienne ce refuge sécure. La promesse intérieure de le devenir pour Eliott.
 
 
Les premiers mois, les anecdotes, les nuits agitées, les gazouillis, les yeux de celui qui a tout à apprendre. La fragilité, l'instinct qui protège, parfois trop, comme pour compenser. Pour quoi donc? L'amoureux qui devient père, présent, joueur, doux, compréhensif. Le cœur d'amoureuse qui s'emplit de fierté. Qu'il est beau, qu'il est fort, qu'il est Wow. Le cœur d'enfant qui doucement comprend l'espace vide. La promesse qui devient plus forte de faire autrement.

Cet enfant, plein d'espoir, d'intelligence, de rires, de doux, d'émotions fortes pour lesquelles on doit devenir traducteurs, enseignants. La patience qui double, mais qui, des fois aussi, part. L'apprentissage, le sien d'enfant et d'humain, le tien de papa et d'homme, le mien de maman et de femme, le nôtre de famille et d'amoureux.

Le cœur gonflé, comme un ballon, d'amour et de bon.


Crédit : Natacha Gagné
 
Votre parcours de maman, ça se passe comme vous l'aviez imaginé?