Mes bébés sont devenus grands, discrètement, à mon insu.  Alors que j’étais occupée à m’inquiéter de tout et angoisser sur des riens, ils ont évolué, grandi, changé.  Ils sont passés de mini-humains innocents à une version taille réduite de l’humain qu’ils deviendront.
 
Et ça me terrifie.
 
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai eu l’impression, à chaque accouchement, que toute ma vie était un peu beaucoup virée à l'envers. Tout ce que je croyais savoir me revenait au visage et je devais me libérer de mes attentes. Je suis tout à fait consciente d'avoir été très privilégiée, mes bébés étaient en pleine santé. Un bébé qui pleure parce qu’il voulait dont manger la dernière bouchée de son déjeuner devenu-froid-anyway, c’est plate, mais les conséquences et la solution sont quand même pas complexes.
 
Par contre, je me disais souvent à quel point j’avais hâte qu’ils deviennent grands, ces adorables bébés. J’avais hâte de pouvoir discuter avec eux, leur partager ma grande sagesse (lol) et avoir des après-midi shopping/café/pédicure avec mes ados. J’anticipais le grand bonheur et l’allégresse que je ressentirais quand ils me confieraient leurs joies, leurs peines et leurs interrogations de façon tout à fait transparente. Je leur tendrais une oreille ouverte et dénuée de jugement, et nous trouverions des solutions ensemble.


J’ai beaucoup trop écouté Gilmore Girls, j'avoue.
Source : Giphy

 

 
Mais évidemment, comme souvent dans la vie, mes attentes étaient way off track. Mes bébés sont devenus des grands enfants, et je réalise que si les difficultés primaires sont moins présentes (thank god qu’ils soient capables de se moucher tout seuls), c’est dans le non-dit que ça se corse.
 
L’année dernière, j’ai appris que mon fils était victime quotidiennement d’intimidation.  Et je l’ai appris de la bouche d’un de ses amis, plusieurs semaines après que ça ait débuté.  J’ai dû faire preuve d’ingéniosité pour qu’il finisse par m’en parler, pauvre coco d’amour. Il avait tellement peur que je sois fâchée, parce qu’il avait l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Pourtant!  
 
Depuis, je marche sur le bout des orteils dans ma relation avec mon fils, j’essaie le plus possible de fermer ma grande boîte quand il me parle, de ne pas réagir trop fort quand il se confie ou me parle des petites choses de sa journée. Je veux tellement qu’il se sente en sécurité avec moi, mais je suis parfois tellement clueless sur comment le faire. Et j’ai l’impression que tout compte, chaque regard, chaque soupir. Mais le pire, c'est que je ne réaliserai pas ou trop tard les erreurs que je commets.
 
Bref, des fois, je m’ennuie de la fois où j’ai mis la couche à l’envers à mon bébé.  Ça a débordé, j’ai nettoyé, j’ai câliné, et tout a été oublié.  C’est juste plate qu’il ne soit pas toujours possible de simplement chasser les bobos quand ils grandissent.