Première semaine de garderie de mon fils d’un an, je suis submergée d’émotions contradictoires. Mon cœur crie « Enfin libre! », en même temps que « Huuuu, mon bébé, que vais-je faire sans toi? ». Je ne me planifie rien, puisque ça reste un moment d’intégration, mais j’espère quand même secrètement pouvoir aller bouquiner ou manger une crème glacée entre deux séances de « je fixe le vide et j’écoute le silence dans mon salon ». Surtout, je me dis : « Aucune attente. Mon bébé va sûrement attraper le premier virus qui passera par là, et sera à la maison toute la semaine ».
 
Ben, c’est ça.
 
J’ai eu beau me préparer psychologiquement à cette éventualité, reste que quand mon fils est revenu fiévreux de son troisième avant-midi à la garderie, j’ai failli m’effondrer de découragement. Cinq nuits sans sommeil, un diagnostic d’otite (la quatrième en quatre mois) et 48h d’antibiotiques plus tard, j’espérais enfin retrouver un peu de repos en le renvoyant à la garderie. Mais non! Bébé refait de la fièvre (39,2 oC au thermomètre). Le rendez-vous à la clinique est pris (le troisième cette semaine), j’ai bu deux théières de mon thé le plus noir et j’ai fait ce que j’aurais dû faire depuis longtemps : j’ai abandonné tout espoir d’avoir une seconde à moi cette semaine.
 

Crédit : Giphy 

 
Comment ai-je pu oublié cette vérité absolue de la vie parentale qui dit qu’il ne faut jamais avoir d’attentes, JAMAIS? Bon, ok,  j’exagère un brin. Mais j’avoue que depuis que je suis mère, je me rends compte que bien souvent, mes attentes ne sont pas les meilleures alliées de mon bonheur. Il suffit que je me planifie un temps de repos – une sortie avec des ami.e.s, une visite chez ma sœur en campagne, ou tout autre moment de calme ou de simplicité rêvée – pour que mes enfants tombent malades, ou que quelque chose arrive et foute en l’air mes plans. C’est vraiment quand je n’ai aucune attente, quand j’accepte que « c’est ça, ma vie » (i.e. me dédier totalement à mon rôle parental et à toutes ses anicroches) que je suis le plus heureuse. Je m’abandonne, pas dans le sens que je me laisse tomber, mais plutôt dans le sens que j’arrête de me battre avec les impondérables, et alors je me sens mieux.
 
Par exemple : les nuits. C’est quand j’ai arrêté de batailler intérieurement en espérant que mon bébé fasse ses nuits que j’ai atteint une certaine paix. Étonnement, je me suis alors sentie beaucoup plus reposée, même si dans les faits, rien n’a vraiment changé : je continue de me lever chaque nuit.
 
Ça fait que, finalement, après la visite à la clinique, un changement d’antibiotiques et surtout, un changement d’attitude de ma part, j’ai passé une merveilleuse journée avec mon bébé. Nous sommes allés au boisé du bout de la rue, j’ai vu plein d’oiseaux, le cerfeuil sauvage était en fleur. Une douce journée de petite mère, dédiée et heureuse. (Et demain, la garderie, ok mon bébé ?)