Quand j’ai commencé à voyager vers 16 ou 17 ans, c’était pas mal pour voyager dans le Sud. J’avais visité pas mal les places normales de famille aux États-Unis et au Québec, sans jamais prendre l’avion. Puis mes parents avaient plus d’argent alors je suis allée avec eux quelques fois à Cuba ou en République dominicaine.
 
Quand j’ai eu l’âge d’#AcheterAvecMesSous mes propres billets d’avion, j'ai pu aller en Europe. J’ai fait Berlin, Barcelone et la France (trois fois). J’ai ensuite eu Dolores avec mon conjoint d’origine française, alors c’était tout naturel de prendre nos quelques bidous pour présenter notre fille à la famille. Nous étions tellement serrés dans notre budget que nous savions que nous ne pourrions pas prendre d’autres vacances. Le marché a été de rester dans le pays, mais de partir deux ou trois jours en amoureux.
 
L’année d’après, nous avons refait le même accord. La France? Encore, mais on se promène un peu quand même.
 
Cette année, après avoir mis sur pause pour cause d’accouchement dans la salle de bain nos escapades annuelles en France, je suis de retour pour une sixième fois au pays du bon vin, du fromage et des interminables repas en famille. Est-ce que je suis envieuse de mes amies qui vont au Portugal, en Italie, en Turquie, en Grèce, en Espagne, etc.? Oui, quand même. Mais quand je vois les yeux de mes enfants croiser ceux de mes beaux-parents, quand je vois la joie de tout le monde de voir les deux petits Canadiens s’amuser comme larrons en foire, je me dis que ce n’est vraiment pas cher payer pour créer des souvenirs qui leur dureront toute leur vie.
 
Je n’ai jamais eu la chance d’aller en Grèce pour rencontrer mes origines, pour voir la maison de mon grand-père, pour parler à mes grand-tantes, pour voir les paysages qui meublaient les photos de famille, pour apprendre la langue (et manger des fruits de mer). En vieillissant, je me retrouve le cul entre deux chaises comme je ne connais pas vraiment d’où je viens et que je n’ai pas été élevée dans la plus pure tradition québécoise. Je n’ai pas envie de faire vivre ça à mes enfants et c’est une de mes façons de me réconcilier avec mon passé que de leur offrir la chance de connaître le leur et de choisir pour leur futur.
 
Je ne dis pas que ça ne nous avivera jamais de shipper les petits à leur grand-mère et d’aller faire un tour dans un des pays limitrophes de la France quand ils seront plus grands, mais entre temps, j’apprécie quand même de me retrouver dans un petit village où on vient à connaître tout le monde et avoir nos repères.
 
En vieillissant, je veux qu’ils puissent se dire qu’ils ont connu assez leurs grands-parents et qu’ils sont à l’aise avec leur famille d’outre-mer. Je veux qu’ils connaissent leurs origines et comment ça se traduit dans leur vie au Québec. Nous avons le privilège de pouvoir y aller une fois par année et pour rien au monde mon envie d’ailleurs ne surpassera celle de voir grandir mes enfants avec les souvenirs qu’ils emmagasinent présentement.
 
Puis, même si je ne bois pas, disons que je prends quand même mon pied à bien manger pendant les interminables repas. Pis ça, c’est des souvenirs gustatifs que je garde pour moi (ça et l’huile d’olive et l’huile de noix que je rapporterai dans mes valises)!