Quand mes filles étaient des poupons aux joues XL, je les embrassais tout le temps. C’était comme un réflexe, un élan si naturel que je ne le remarquais même plus. Je me souviens m’être demandé en voyant les joues rougies et craquelées de mon aînée si tous mes bisous n’en étaient pas la cause (mais non, c’était les poussées dentaires). Le moindre geste du quotidien se transformait en occasion de les bécoter : les sortir de la couchette, les changer de couche, les déposer dans leur siège d’auto, les habiller… Puis tranquillement, au fur et à mesure qu’elles grandissaient, ces déluges de becs ont été remplacés par des câlins. Encore là, n’importe quel prétexte était bon pour leur tendre les bras : les attendre en bas d’une glissoire, les faire sauter en bas d’une roche, les accueillir à la sortie de l’autobus scolaire …
 
Ces démonstrations d’affection faisaient partie de notre vie de tous les jours, comme une habitude qu’on ne remarque plus. J’en ai pris conscience alors que dernièrement, je faisais un câlin à ma grande fille de 15 ans en réalisant que c’était de plus en plus rare. Bien sûr, en vieillissant, nos enfants prennent leurs distances ; se détacher de nous fait partie de l’affirmation de leur identité. Je le comprends et le respecte. Mais je me suis tout de même passée la réflexion que c’était un peu dommage de perdre cette belle habitude au nom de l’indépendance, car il n’y a pas d’âge pour recevoir de l’amour et du réconfort.
 
Je me souviens des câlins que ma grand-mère Simone me faisait, enveloppants et chaleureux. À chaque fois que je la voyais, elle me tendait les bras et c’était comme une bouffée d’amour inconditionnel incroyable.

Elle n’a jamais cessé de le faire, même si je devenais une femme. Pourquoi ce serait différent avec mes filles? Sans envahir leur bulle, je crois que je porterai davantage attention à cet aspect tout simple de notre vie de famille qui s’est estompé au fil des ans. Par pudeur peut-être, par gêne d’empiéter leur intimité sans doute. Mais elles sont et seront toujours mes filles, alors même si elles me dépassent de quelques centimètres, je peux bien encore leur tendre les bras pour les serrer sur mon cœur! Qui n’a pas besoin de ça de toute façon…
 
Donnez-vous encore des câlins à vos grands enfants?