Présenté par:
TPL Moms

Ok, on doit l’avouer. Sur la communauté secrète de TPL Moms, on a parlé du texte de Murphy Cooper sur sa haine des « familles ».
 
On dit « famille », parce que les guillemets font toute la différence. Parce qu’une « famille » ne se déplace pas nécessairement en mini-van ou en groupe de 14. La « famille » a toutes sortes de visages. Parce que c’est problématique de voir la « famille » de façon unidimensionnelle et stéréotypée, un peu comme lorsqu’on dit que les femmes aiment ci et que les hommes pensent comme ça.
 
Il semble à M. Cooper que lorsqu’il était jeune, les choses n’étaient pas les mêmes. Que dans son temps, le monde ne tournait pas autour des familles et que ces dernières s’adaptaient. Il semblerait aussi que dans le temps, les femmes restaient à la maison sans avoir le choix et que les soupers étaient toujours servis à 18 heures tapantes. Que c’était très bien comme ça ! Pourquoi alors vouloir changer cette structure qui semblait si gagnante? Hein?
 
Ce type d’argument de marde est exactement ce qui nous tire en arrière au lieu de nous élever en tant que société.
 
Il semblerait aussi à M. Cooper que les « familles » ne savent pas se comporter en transports en commun et qu’elles engendrent chaos et destruction. Elles sont capables d'y arriver après avoir réussi, parfois souvent sans aide, à descendre les escaliers avec une poussette et/ou des sacs. Que celui qui s’est déjà levé dans le métro pour donner sa place à un enfant de trois ans lève la main pour qu’on l’ovationne. Ou à une femme enceinte tant qu’à y être. Parce que ça l’air qu’un adulte en santé a le droit, dans son espace commun non-familial, de rester assis sur son royal fessier pendant qu’un mini-humain manque de se défigurer à chaque arrêt – et le fait savoir en criant. Parce qu’« on commencera pas à accommoder les familles, là! », surtout pas si elles ne le demandent pas.
 
Il faut être un peu déconnecté de la réalité pour penser que Montréal est adapté aux familles. On encourage d'ailleurs M. Cooper, par exemple, à trouver un appartement salubre et abordable avec deux chambres fermées où on « accepte » les enfants, sans faire trop de sacrifices. Par contre, des condos 2 et demi hors de prix pour personne seule ou pour « couple de jeunes professionnels », il y en a à la tonne.
 
Il est très triste de voir quelqu’un qui dénonce la gentrification critiquer autant la mixité sociale et l’accessibilité des différents endroits urbains par les familles pour encourager cette dernière. Il semble que la beauté d’une ville, c’est un savoir-vivre ensemble qui englobe, hé oui, tout le monde, familles incluses.
 
Si, dans un monde idéal, des activités sont mises en place pour favoriser la participation des familles, c’est tant fucking mieux. Parce qu'on a une petite nouvelle pour tous, si la ville ne s’adapte pas aux familles, eh bien qui paiera? Les mêmes personnes qui sont dépendantes des services de garde subventionnés et de la majorité des mesures sociales : les mères. Oh, surprise. Si la ville n’est plus accessible aux familles, les mères ne sortiront plus (et on ne parle même pas encore des minorités culturelles) et s’isoleront encore plus.

Dans le fond, Murphy Cooper ne déteste pas les familles. Il déteste les personnes individualistes. Il déteste les gens qui pensent que la ville leur appartient. Il se place en haut de l'échelle sociale du civisme et place de façon stéréotypée et en bloc monolithique, « la famille », qui semble l'équivalent d'une gangrène sociale, au bas de son échelle comportementale en public. Il semblerait que, comble de l’ironie, une personne seule se trimballant avec une valise c'est normal, mais une poussette est un affront au partage de l'espace public.

Plusieurs TPL Moms se sont proposées pour passer une semaine avec Murphy et lui faire faire un tour de la ville pour qu’il puisse enfin la voir avec le filtre « famille ». Parce qu’on ne lui en veut pas de vieillir et d’être moins tolérant, c’est juste qu’on s’inquiète un peu de le voir se métamorphoser en Richard Martineau.
 
Et si son texte était de l’ironie, c’est raté. Oui, il y a des familles (comme des couples, comme des gens seuls) qui ne savent pas utiliser l’espace commun. Mais mettre ça sur le dos de tous les gens ayant procréé (et d’ailleurs, la « famille », ça arrête à quel âge d’être dérangeant?), c’est bas.
 
On passera sur les autres lacunes du texte (évidemment, c’est la faute des « familles » si la STM a mal annoncé une réduction ou que des escaliers doivent être réparés), pour terminer ainsi.
 
On espère que nos enfants, qui sont les futurs décideurs et payeurs de taxes, seront assez convenablement élevés pour ne pas tout généraliser et que dans quelques dizaines d’années, ils ne chialeront pas sur tous les « petits vieux » à qui la société doit s’adapter.
 
On ne te déteste pas tant que ça,

Les TPL Moms