Comme les enfants le font parfois, je compte les dodos. Cinq dodos avant de les revoir. Avant d’être postée aux portes de l’aéroport pour accueillir les plus beaux enfants du monde. Avant de pouvoir enfin les serrer dans mes bras et mettre mon nez dans leur cou.

Je ne me doutais pas avant d’être maman de tout ce que ça voulait dire de vivre pour d’autres humains. Je savais que j’allais être fatiguée souvent, épuisée parfois, et impatiente quelquefois. Mais je ne pouvais pas me douter à quel point choisir le bien-être de mes enfants allait parfois vouloir dire que mon cœur se briserait.

Ils sont partis cinq semaines avec leur papa. Ils sont allés rejoindre Papy, Mamie, Parrain, les taties, les tontons et les cousins. Ils sont partis faire le plein de souvenirs en famille qu’ils pourront plus tard chérir. Je veux tout ce beau pour eux.

Ils sont heureux et rigolent pendant qu’ils sont à des milliers de kilomètres de moi. Ils sont partis vivre tous ces moments magiques, mais je ne suis pas avec eux. Je me sens si loin. Et pourtant je veux qu’ils soient là-bas, qu’ils s’attachent à cet autre chez-eux, qu’ils bâtissent ces liens qui sont si chers et riches.

Pendant ce temps, je rêve. Je nous construis une nouvelle maison, un nouveau nid où j’espère qu’ils seront bien. Que nous serons bien.

Même à l’autre bout du monde, mes enfants continuent de me faire grandir. Ils me rappellent sans cesse l’importance du moment présent. Personne ne m’a jamais autant manqué jusqu’au fond de mes tripes avec autant d’intensité, et pourtant, je suis convaincue de faire la bonne chose.

Décidément, être maman, c’est pas tous les jours facile. Être maman à distance, ça va contre mon cœur et ma raison. En même temps, c'est si porteur de sens puisque c’est le mieux pour eux.

Cet été, j’ai vécu les premières vacances loin de mes enfants. Cinq semaines, c’est vraiment toute une première expérience. Mais les photos et vidéos reçus me démontrent à quel point ils s’épanouissent dans ces moments en famille. Je les attends avec impatience et tellement d’amour. Ça se pourrait qu’ils me disent que mes câlins sont trop forts.