Mes parents ont pris plusieurs décisions dont je suis bien reconnaissante. L’une d’entre elles est celle de ne pas m’avoir fait baptiser. Eux-mêmes non-pratiquants, ils ont décidé de me laisser choisir la religion à laquelle j’adhérerais, si je le voulais.

 

Avec cette décision de ne pas embrasser la tradition religieuse, il y avait aussi celle de ne pas nommer de parrains ou de marraines. En effet, le parrainage est un concept chrétien. Les personnes désignées devaient, à la base, accompagner l’enfant dans son cheminement religieux et dans sa foi. Évidemment, la tradition a évolué et vous n’avez peut-être jamais parlé de Dieu avec votre filleul.e. Reste qu’il n’y avait pas vraiment de raisons de nommer des parrains et marraines alors que mes parents rejetaient l’idée du catholicisme en général.
 

Mon enfant n'a ni parrain ni marraine
Crédit : Giphy

Je n’ai personnellement jamais souffert du fait de ne pas avoir ces personnes désignées dans ma vie. Même si mes amis me parlaient de leur marraine qui était venue les visiter, de leur parrain qui leur avait offert un joli cadeau, je ne les enviais pas. Je n’ai manqué ni d’amour ni de figure d’attachement.

Quand je suis tombée enceinte, mon conjoint savait déjà que je refuserais de baptiser notre enfant. Par contre, il voulait quand même nommer un parrain et une marraine « de cœur, » afin d’avoir des personnes de confiance qui pourraient développer une relation privilégiée avec notre fils.

Nous avons donc réfléchi à qui nous voudrions confier cette tâche opportunité. Nous avons même identifié deux amis proches qui ont failli recevoir la grande demande. Comme la plupart de notre entourage se trouve à l’extérieur de notre région, nous avions choisi ces personnes, car nous savions que la distance ne ruinerait pas notre amitié. Ils faisaient partie des rares qui étaient venus nous visiter plusieurs fois même si nous habitions loin. Ils étaient des candidats parfaits.
 

Mon enfant n'a ni parrain ni marraine
Crédit : Giphy

J’avais cette idée romantique que nous allions leur poser la question en même temps, que nous allions tous fondre en larmes et nous promettre amitiés éternelles. Une fois, nous avons eu une opportunité de créer ce moment, alors que nous étions réunis tous les quatre. Par contre, Copain et moi ne nous étions pas vraiment reparlés de notre choix. Nous aurions eu besoin d’un petit caucus final afin de nous confirmer que nous voulions la même chose. Nous avons donc laissé filer cette rencontre… et nous ne nous sommes pas retrouvés seuls tous les quatre une autre fois avant la naissance.

Entretemps, l’une des personnes pressenties est aussi devenue parent, alors que l’autre surchargeait son horaire d’université, de travail et de nouvelle vie amoureuse. Nous ne nous sommes pas éloignés émotionnellement de ces amis, mais la vie étant ce qu’elle est, nous nous voyons moins souvent qu’avant. On compte sur les doigts d’une main les fois où ils ont rencontré notre rejeton.

Un an plus tard, Bébé n’a toujours pas de parrain ni de marraine. Il a des oncles, des tantes et des grands-parents qui l’adorent. Il ne manque ni de cadeaux ni d’amour! En lisant ce texte d’Annie Nonyme récemment, je me suis sentie confortée dans cette décision officieuse de ne nommer personne. Les gens qui ont à être importants pour mes enfants le seront sans qu’on leur force la main. Je trouve toujours que le concept est beau, mais on ne peut pas prédire l’avenir ni obliger quelqu’un à remplir un titre, même s’il l’a accepté de bon cœur au départ.

Nous resterons (je l’espère!) de très bons amis avec les personnes que nous avions pensé choisir. Nos enfants pourront grandir ensemble même si aucun titre ne nous relie les uns aux autres. L’une des deux personnes figure même à notre testament. Elle n’est peut-être pas marraine, mais elle a accepté de s’occuper de nos enfants s’il nous arrivait quelque chose et ça, c’est une promesse exceptionnelle.