Jusqu’à maintenant, mon enfant vit un été de rêve. Installés confortablement au chalet familial, on passe nos journées à attraper des crapauds, à manger des petits fruits et à jouer dans le sable. J’ai un plaisir fou à voir mon bébé de 2 ans s’épanouir en pleine nature, éprouver ses limites, prendre de plus en plus d’aisance et d’autonomie.

Mais voilà. Il suffit qu’il lance une roche de façon énergique, qu’il brandisse un bâton en faisant un bruit de dinosaure ou qu’il devienne un peu fou fou en jetant du sable autour de lui pour que LA phrase surgisse.

Amis, parents, étrangers, tout le monde s’y met.

« Wow! Un vrai ptit gars! »

Bien sûr, on attend de moi que j’acquiesce en gonflant la poitrine de fierté devant ce réservoir de testostérone en puissance. Pourtant, chaque fois, je grince des dents…  Et si cette petite phrase creuse, lancée en riant, était plus lourde de sens qu’il n’y paraît?
 


Crédit : mnanni/Pixabay
 

Depuis que j’ai la chance d'être collaboratrice pour TPL Moms, j’ai pu échanger avec des femmes formidables qui m’ont aidé à affiner ma vision du féminisme. En tant que mère d’un garçon, je me sens une responsabilité supplémentaire. Je souhaite éduquer mon fils en concordance avec ces valeurs afin qu’il puisse participer à la création d’un monde où les femmes et les hommes seront considérés sur un pied d’égalité dans toutes les sphères de leur vie. J’essaie donc, le plus possible, d’éviter de genrer les gestes et les intérêts de mon enfant afin qu'il se définisse selon sa personnalité plutôt que par l'organe qu'il a entre les jambes.

Il y a du chemin à faire. Du moment qu’un petit garçon manifeste un comportement associé à un mode plus masculin – comme lancer une roche ou brandir un bâton – on le félicite. C’est un « vrai » mâle. On lui souligne que c’est ce qu’on attend de lui. Un « vrai p'tit gars », ça joue agressivement, ça tape, ça pitche des affaires… et plus tard, ça cache ses sentiments, ça joue les durs.  Mais qu’en est-il des moments où il regarde calmement un livre d’images? Est-il un « faux p’tit gars » quand il enlace tendrement un ami ou qu’il s’assoit dans la grande chaise berçante pour faire semblant d’allaiter son toutou?

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Et si on cessait d’apposer un genre sur le comportement des enfants pour les considérer tels qu’ils sont? Courir, grimper, jeter du sable, jouer à la poupée, dessiner, câliner… Tous ces gestes font partie du plaisir d’être un enfant, tout simplement. Garçons et filles ont droit aux mêmes débordements et à la même douceur.
 


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Les hommes qui gravitent autour de mon garçon, à commencer par son papa, sont sensibles et ouverts d’esprit. Ils se dédient à l’art, à l’agriculture, à la philosophie, à la poésie, à la justice sociale… Ils sont tendres, capables de parler de leurs sentiments et en mesure de se remettre en question en tant qu’hommes. Voilà le genre de « vrai gars » que j’ai envie que mon fils devienne.

En attendant, j’ai à cœur de le voir satisfaire sa curiosité et son appétit pour la vie.
Comme un enfant, un vrai!
 
Quelle est la phrase creuse que vous avez entendue cet été?