J’ai deux enfants : une fille, un garçon. Le « Ti-couple ». Nous sommes un papa, une maman, tout ce qu’il y a de plus traditionnel. Nous formons la famille « idéale » et « parfaite » selon les dires de plusieurs…
 
Les gens me partagent souvent que c’est formidable d'avoir le couple, et ajoutent « quoi demander de plus »… Parfois je n’ai pas la force de répondre la vérité et j’abonde dans leur sens en les remerciant. C’est vrai, après tout, j’ai le bonheur de connaître ma maternité au travers des deux sexes. J’ai gagné à la loterie selon la population générale, un bébé fille, un bébé garçon.
 
Mais je vais vous dire ce que j’aimerais souvent leur répondre, ce que mon sourire un peu crispé cache le plus souvent qu’autrement. Comme si la vie était aussi simple que le fait d’avoir une fille et un fils.
 
Derrière cette image de famille de carte postale que nous projetons, il y a des blessures, des deuils et des peines…
 
Le deuil de la normalité et d’une vie ponctuée de visites dans un institut de réadaptation en déficience physique…
 
Les cicatrices permanentes d’avoir appris que ma fille était peut-être atteinte d’une maladie dégénérative, d’avoir compris que je pouvais l’avoir transmis à mon fils, d’avoir vécu pendant des mois dans le brouillard de cette peur qui me rongeait l’intérieur alors que je portais la vie.
 
De devoir apprendre à vivre à une vitesse beaucoup moins rapide que la vôtre, de ralentir le rythme pour s’adapter à la condition de notre fille.
 
Alors voilà ce que mon regard fuyant ne réussit pas toujours à vous transmettre quand vous me sortez cette phrase tellement vide de sens « Qu’est-ce que tu veux de plus, tu as le petit couple? » Vraiment…
 
La prochaine fois que vous serez tentés de répondre cette réplique à quelqu’un, réfléchissez à l’histoire que cette famille porte en elle.
 
Pour certains, il y aura eu le deuil d’avoir des grossesses qui arrivent comme par magie.
Pour d’autres, ce sera le deuil des vies avortées dès le petit +.
Pour certaines familles, ce sera le départ d’un bébé après quelques heures de vie.
Pour certains, il y aura eu la maladie, les handicaps, la souffrance que la promesse de la vie peut parfois ne pas tenir.
 
Derrière ces familles qui auront eu le choix royal du petit couple, il y a parfois tout ça, des détours et des douleurs.
 
Alors la prochaine fois que vous me répliquez cette boutade, pensez plus loin. Dites-vous que papa J-B et moi aurions peut-être voulu de tout notre cœur ajouter un enfant à cette famille « si parfaite » en apparence. Mais que nous n’avons plus la force de vivre du stress, que la santé n’est pas au rendez-vous et que nous devons conjuguer plus souvent qu’autrement nos craintes, nos souffrances et faire preuve d’adaptation constamment…