À la veille de la rentrée de mes grandes filles de 12 et 16 ans, malgré le fait que j’en sois à ma 11e expérience, je dois encore me parler pour me rassurer et me convaincre que tout va bien aller. L’inquiétude d’un parent pour son enfant a la couenne dure. On les aime tellement, on souhaite si ardemment que tout aille bien pour eux et qu’ils soient heureux qu’on redoute la moindre embûche sur leur route. Pourtant, ces embûches, elles font aussi partie de leur apprentissage de la vie, elles forgent le caractère, permettent de trouver des ressources en eux pour les vaincre. Et après tout, on en a tous vécu et on n’est pas mort!
 
Cette réalité, on arrive à la rationaliser avec notre tête, mais ça n’empêche pas notre cœur de se serrer à l’idée qu’il pourrait leur arriver quelque chose de « mal ». Notre enfant saura-t-il faire face à un problème, un conflit, une réprimande sans nous pour le guider? En sortira-t-il déboussolé, peiné, blessé sans qu’on ne soit à ses côtés pour le consoler ou le réconforter? Ce sont toutes des questions légitimes qu’un parent se pose quand son petit (ou son plus grand) doit affronter une nouvelle situation, ce qui est le cas à chaque rentrée.
 
L’important, c’est de ne pas se laisser envahir par l’angoisse qui nous pousse souvent à nous imaginer le pire : « Et s’il fait rire de lui, se fait rejeter, intimider… ». Les scénarios catastrophes sont, la plupart du temps, bien éloignés du réel et ne font qu’augmenter notre niveau d’anxiété, ce qui n’est aidant pour personne. Je ne dis pas de faire l’autruche et de se fermer les yeux sur les problèmes s’ils se présentent, je dis seulement qu’anticiper le pire ne sert à rien, sinon faire gonfler l’insécurité de tous. Car malheureusement, même involontairement, on risque de transmettre nos peurs à notre enfant et ça, c’est bien la dernière chose dont il a besoin la veille d'une nouvelle année scolaire.
 
Faire confiance – aux autres, à nos propres enfants, à la vie – est l’un des grands défis de parent. On a souvent le réflexe de vouloir le protéger (ce qui voudrait dire qu’il y a un danger?), alors qu’au fond, il faut l'encourager à aller de l’avant, à découvrir, à apprendre avec tout ce que ça comporte de difficultés à surmonter, à ne pas hésiter à aller chercher de l’aide si c’est nécessaire et à lui rappeler, surtout, qu’on sera toujours là pour lui.
 
Dompter ses inquiétudes et rester confiant face à l’inconnu quand on est parent, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus naturel, ça demande un certain effort pour plusieurs d’entre nous. Si de se piler un peu sur le cœur et d’écouter davantage notre tête évite du stress supplémentaire à nos enfants, ça vaut vraiment la peine de se répéter que ça va bien aller. « Ça va bien aller, ça va bien aller, … », mon nouveau mantra!
 
Êtes-vous un parent anxieux qui se soigne?