Il y a six ans, nous avons pris la décision de vivre en intergénération avec ma mère. C'était mûrement réfléchi, car, s'il y a beaucoup d'avantages, il faut aussi peser les pour et les contre et ainsi éviter les mauvaises surprises. Ensuite, il y a plusieurs formules et il s'agit de trouver la bonne pour nous. C'est donc un projet qui demande plusieurs considérations afin de s'assurer que cette manière de vivre soit optimisée.

La première chose qu'il faut bien regarder, c'est la relation avec ses parents ou ses beaux-parents. Si cette dernière n'est pas bonne, voire excellente, ce projet de vie commune ou de grande proximité a peu de chance d'être agréable. Dans notre cas, mon conjoint s'entendait très bien avec ma mère et durant les travaux de notre précédente maison, nous avions tous habité sous le même toit plusieurs semaines, alors nous savions que c'était possible. Je ne voulais pas imposer cette décision à mon conjoint, donc je crois qu'il est important que tout le monde en ait envie, tout simplement.

Dans la relation avec le parent qui partagera notre quotidien, il faut aussi penser aux irritants. Si, par exemple, le parent en question a tendance à se mêler de l'éducation des enfants, de la façon dont vous vivez, de vos choix de vie, ça part mal! Une plus grande proximité va évidemment donner une grande fenêtre sur la vie personnelle au quotidien. C'est vraiment à réfléchir deux fois plutôt qu'une. Dans notre cas, j'avais une excellente relation avec ma mère et je savais d'emblée qu'elle respecterait mes choix et qu'elle garderait une distance saine par rapport à ma vie, donc je n'avais pas de crainte.

Il faut aussi que la communication soit aisée pour que tous les sujets et règles de vie puissent être abordés sans problème. D'ailleurs, nous avions beaucoup parlé de nos attentes personnelles, des règles de vie que chacun aimerait et de notre façon de part et d'autre de voir ce projet. Les choses se doivent d'être claires dès le départ, ça évitera plusieurs désagréments dans le futur!

Comme tout plan de vie, il est très facile d'idéaliser la situation à venir et de ne voir que le bon côté des choses. Il faut être conscient qu'il y aura des accrochages malgré toute notre bonne volonté et aussi, qu'il y a aura des ajustements en cours de route. C'est inévitable, mais si la communication de départ est bonne, ça ne devrait pas être trop fréquent et tout le monde finit par trouver sa place.

Vient le choix du type d'habitation : un duplex ou un jumelé où chacun a son espace de vie totalement séparé, une maison unifamiliale avec un bachelor ou une maison à partager. Ce choix est très personnel au final. Dans notre cas, nous avons choisi la dernière option, car nous souhaitions partager les aires de vie principales (cuisine, salle familiale, extérieur) tout en bénéficiant de l'intimité de chacun en ayant des zones bien séparées (chambres et salles de bains). Ça nous permettait donc de passer beaucoup de temps tous ensemble et ça donnait à nos enfants la possibilité d'être souvent avec leur grand-mère au quotidien. 

Il y a eu des ajustements qui ont bien sûr été faits au fil du temps, mais ce projet nous a à tous permis de réduire nos coûts de vie, de nous entraider et de nous simplifier la vie. De notre côté, nous n'avions pas à nous inquiéter si nous devions quitter rapidement, aller à l'urgence avec le plus jeune en pleine nuit en laissant le plus vieux dormir dans son lit alors que mamie était là. Du côté de ma mère, elle n'appréhendait pas, si elle était malade, d'avoir à effectuer trop d'entretien ou à faire des réparations en cas de bris. Je crois que c'est ce qui rend la vie en habitat intergénérationnel intéressante, c'est cet échange de services et aussi, la proximité du (ou des) grand-parent.s avec ses petit-enfants qui crée une relation unique. 

Je crois que nous y avons tous gagné quelque chose, et aussi construit un bel équilibre entre plusieurs générations à différentes étapes de leur vie. Cette vie partagée nous permet donc de profiter du temps qui passe à vive allure.