Au début du mois, avec trois copines – deux autres mamans et une belle-maman extrêmement dévouée – nous sommes parties pour un petit voyage de trois jours à Hampton Beach.
 
Dès les premières minutes où nous roulions sur le pont Jacques-Cartier à 5 h du matin à bord de la somptueuse décapotable – gracieuseté du père de Marie – nous étions juste vraiment vraiment bien. Juste heureuses d’être ensemble et très très ÉNARVÉES. Des gamines avant la première disco de l’école (je sais plus s’il y en a encore, mais moi, quand y’en avait au primaire, mon cœur battait fort toute la journée qui la précédait). C’était comme ça que nos petits cœurs se sentaient.
 
Nous étions si bien toutes les quatre, je pourrais écrire des pages, un roman, dix tomes tant je suis inspirée par ce doux sentiment de liberté et de bien-être qui nous habitait. Comme il est bon de laisser tomber nos chapeaux de maman, de blonde, de Wonder Woman qui essaie de toute faire en même temps avec le sourire en étant cute, de femme qui veut performer dans le travail pis en même temps avoir des projets personnels super stimulants. Fuck tous ces chapeaux-là! Ils ont pris le bord bien assez vite anyway, des chapeaux en décapotable, c’est jamais une bonne idée. Nous étions redevenues de simples ados sans chapeau (parce que quand t’es ado, tu sais pas que ça existe, des chapeaux) parties avec le char du père de l’autre, sur la route du fun.
 
Lorsque nous avons posé pour la première fois les pieds dans le sable, j’ai expiré pendant un bon trente secondes… ou peut-être pendant une heure. Suffisamment pour permettre à mes épaules de descendre de dix centimètres. Man... la plage sans enfant. En devenant parent, on oublie très rapidement que la plage peut être un endroit où notre corps se détend. Notre petit parasol, notre petit thermos de gin-tonic, nos livres, nos gros sourires qui nous donnent des crampes aux joues, tous les éléments étaient réunis pour que ce moment soit extraordinaire.
 
Marcher en direction de notre motel cheap et se faire accoster par deux gars en moto qui swignent leur roue d’en avant dans les airs pour nous impressionner, ça aussi, c’était extraordinaire. 
 
Plus la journée avançait, plus elle était parfaite. Nous sommes revenues sur la plage pour le magic hour avec nos sacs remplis de tout le nécessaire pour notre petit repas romantique. Bulles, huîtres, fromages, vin blanc, fruits, copines, soleil qui descend, lumière douce orangée dans nos faces sur fond de ciel pastel rosé bleuté, le bruit de la mer, complice, qui entend nos histoires et réagit avec nous. #Divin
 
Puis, il y a eu la danse. Le premier soir, nous marchions sur le boardwalk à la recherche d’un endroit pour prendre un dernier verre et là, soudainement, au loin, je les vois, dans la fenêtre du 2e étage d’un building gris quelconque, un set de blacklights. « Les filles, c’est là qu’on s’en va. » Mon radar à dancefloor ne m’a jamais déçue. Sans hésiter, persuadée que mon instinct nous mènera là où il le faut, j’invite les filles à me suivre vers ce qui allait devenir notre sanctuaire. Un bar cheap, très peu de monde, une soirée open mic horrible, mais, un dancefloor. Pis des gros speakers.
 
Une fois la soirée open mic terminée, on jase avec le promoteur/gérant/gros nounours vraiment sympathique et surtout heureux de voir des nouvelles faces dans son bar vide. Charmé par ses « canadian girls » préférées (ou peut-être juste tanné de nous entendre dire qu’il faudrait changer la musique), il nous demande de lui faire une liste de chansons qu’on aimerait entendre. Nous nous exécutons sur-le-champ, en prenant soin de choisir les bonnes tounes dans le bon ordre. Après la semi-prestation d’un gars très étrange qui tentait de nous faire triper avec ses machines et sa voix trop aiguë, notre musique s’est fait entendre. Nous nous sommes emparées du plancher de danse. Et là, on a DANSÉ NOTRE VIE. Dansé comme s’il n’y avait pas de lendemain. Dansé pour toutes ces journées trop pleines de fatigue de maman où nous avons souhaité pouvoir sortir ces dernières années. Dansé pour toutes les petites colères du quotidien qu’on refoule et qu’on ne peut pas sortir parce qu’on choisit bien nos combats. Dansé au nom de cette belle amitié qui grandit démesurément, dansé, dansé, dansé, le sourire étampé dans la face, les quatre, juste nous pis le dancefloor.
 
Avant de rentrer au motel cheap trop climatisé, nous avons fait un détour par le bord de mer. Nous nous sommes baignées, nues. Ce n’est qu’en sortant de la mer que nous avons aperçu l’étrange personnage de bonhomme aux fesses nues qui, étrangement, n’était pas vulgaire et nous a lancé un très doux « very beautiful ladies ». On a quand même couru avec nos vêtements à moitié enfilés pour se sauver. Nouvellement baptisées par la mer, nous sommes rentrées, même pas si tard, même pas si saoules, juste vraiment heureuses.
 
Le lendemain, on a juste recommencé : plage, baignade dans la mer, soleil, huîtres, coucher de soleil, vin, feux de Bengale sur la beach, puis nous sommes retournées au temple, pour notre cérémonie. La danse. Du gros plaisir tout simple entre gamines.
 
Nous sommes rentrées chez nous le cœur rempli. Les yeux brillants. Le corps heureux d’avoir fait le plein de soleil, de danse, de sourire, de plage. Le cœur tout plein de quelque chose qui durera toute la vie – peu importe ce qui se passe dans nos vies de blondes, mamans ou au travail – une douce amitié très très forte, bâtie pour durer.