Ça ne devait pas se passer comme ça. Dans ma tête de grande romantique, dès qu’une fille dit à son chum : « Chéri, c’est ce soir », le gars la prend amoureusement dans ses bras forts et l’amène dans le lit pour les ébats de leur vie.

Quand j’ai dit : « Chéri, c’est ce soir », mon chum, lui, m’a dit : « Ben là, demain soir ça va faire pareil, t'es quand même pas fertile juste un soir par mois. Je refuse de faire ça comme un devoir conjugal. »

J’ai ainsi appris que l’Homme savait fuck all les conditions de fécondation. Il pensait que les femmes étaient fertiles une bonne semaine par mois, au moins. J’ai même dû avoir recours à Wikipédia pour qu'il me croie.

S’en ait suivi une longue discussion (dans la catégorie « pas romantique pantoute ») sur le pourquoi du ce soir. Non, ça ne peut pas être demain, parce que premièrement, je travaille de soir, et de deux, il sera trop tard. Oui, ce doit être ce mois-ci (idéalement, on s’entend), parce que moi, ça fait une grosse différence sur mon cursus scolaire. Et ainsi de suite…

Puis est arrivé le moment où nous étions couchés, pas vraiment amoureux. L’Homme refusait toujours de faire l’amour juste parce que c’était le bon moment pour que je tombe enceinte. J’ai tenté d’en rire, de négocier (on essaie sérieusement ce mois-ci, si ça ne fonctionne pas, on laissera aller les choses les mois suivants), je lui ai dit que pour plusieurs couples c’était la norme : on fait l’amour oui, parce qu’on s’aime, bien sûr, mais aussi et parfois surtout parce qu’on veut un enfant. Mais il n’en démordait pas. Pour notre premier enfant, nous n’avions pas compté (enfin, c’est ce que lui pense!) et il a été conçu dès le premier essai. Alors, ce devait être de même pour le numéro deux.

Je n’arrivais pas à croire que mon chum refusait de collaborer à la réalisation de notre projet (parce que oui, c’est vraiment notre projet, pas juste le mien, évidemment). Qu’il refusait de comprendre que c’était une question de timing et qu’il était là, maintenant. Et que pour moi, étudiante, le bon moment, c’est important.

Alors j’ai tenté le tout pour le tout, essayé de l’exciter, de l’attiser, d’allumer sa flamme. Il s’est laissé faire, mais n’a absolument pas voulu participer (mais alors, vraiment pas!). Jusqu’au moment où j’ai décidé d’arrêter, en plein milieu. Là, c’est lui qui a décidé qu’il fallait finir ça.

Il n’y a pas eu de feux d’artifice, même pas de baiser. À ce point-là, ce n’était même pas vraiment faire l’amour, pas non plus avoir du cul. C’était un rapport purement biologique où chacun attendait que ça finisse.

Le lendemain matin, on pleurait. Lui de désillusion, il ne pensait pas que nous, on pouvait faire un enfant comme ça ; moi, je pleurais d’horreur, je n'arrivais pas à croire ce que nous venions de faire.

Ça a pris quelques jours pour nous en remettre, pour que l’affection se manifeste à nouveau, que la tendresse revienne. Encore plus pour refaire l’amour. Mais on est passés par-dessus.

Lui maintenant me dit qu'il sera content d'avoir un nouvel enfant. Et moi, le cœur un peu serré, mais plein d’espoir, je compte les dodos avant de faire un test de grossesse.