Je me rappelle que lorsque les gens dans mon Facebook ont commencé à avoir des enfants, il y avait ce couple dont les rejetons étaient toujours hospitalisés ou malades. Ça ne semblait jamais les lâcher et je trouvais donc bien qu’ils n’avaient pas de break, les pauvres. Aujourd’hui, ce couple que les gens voient rusher sur Facebook, c’est le mien.

On va se le dire, mes kids n’ont pas vraiment gagné à la loterie de la santé. Ça fait que les nuits blanches, la panique qui te pogne à la gorge et les nombreuses hospitalisations, ça fait un peu beaucoup partie de notre réalité.

Crédit : Véronique Landry

Et des fois, cette réalité, elle devient pesante. Parce que c’est vrai qu’on a pas de break. Du moins, pas souvent. Juste pour faire un petit portrait de la situation, avoir un enfant à l’hôpital, ça veut dire :

  • Avoir plusieurs nuits sans sommeil et remplies d’angoisses derrière la cravate. Parce qu’à moins qu’il s’agisse d’un accident, l’hospitalisation est souvent l’aboutissement de plusieurs jours pendant lesquels l’état de l’enfant se dégrade. Et une fois là, avec le petit lit de fortune, les pleurs des autres enfants, les bruits des machines et les réveils aux 4 heures pour les check up, c’est encore moins reposant qu’à la maison.
     
  • ​Devoir se revirer de bord vite pour gérer les autres enfants restés à la garderie ou à l’école. Parce que même si y’en a un pour qui le temps s’arrête, les autres doivent continuer à vivre. C’est aussi trouver les gardiennes qui viendront surveiller celui qui dort à la maison pendant qu’on fait le changement de shift le soir à l’hôpital (je fais habituellement le jour pendant que mon chum travaille. Il prend ensuite le relais pour la nuit.)
     
  • Stresser pour sa job. Tenter de continuer à travailler à distance, dans la plus petite chambre de l’univers, où Internet pogne pas. Parce que oui, on a ben beau avoir des patrons et des clients conciliants, quand ça fait trois-quatre jours qu’on est absent, pour la quatrième fois en deux mois, ben le stress, on le sent.
     
  • ​​Être seul. Beaucoup et longtemps. Pour ceux qui ne le savent pas, être à l’hôpital avec son enfant, c’est passer 99 % de ton temps à attendre. Après le résident, après le pédiatre, après le spécialiste (ça, c’est si on accepte de le faire venir). Sur 24 heures à l’hôpital, on est chanceux quand on passe une heure au TOTAL avec toutes ces personnes combinées. Fait que le reste du temps, on tente du mieux qu’on peut d’occuper notre kid, de l’empêcher de se sauver s’il est en âge de le faire ou de le bercer pour le consoler.

S’amuser comme on peut en étant coincés dans une minuscule chambre. 
Crédit : Véronique Landry
  • Manger à des heures pas rapport ou juste pas pantoute. Parce qu’à l’hôpital, on doit être avec son enfant tout le temps. Y’aura personne pour le surveiller si on part dîner. Alors, mieux vaut avoir un lunch avec soi ou espérer que sa progéniture s’endorme pour qu’enfin on puisse manger, aller aux toilettes et se pogner un café sul' side.

J’aimerais donc ça, peindre un plus beau portrait de cette réalité, mais c’est ça. Au final, ça laisse dans son sillage des parents émotionnellement, physiquement et mentalement épuisés. Et ces parents-là, aussi weird que ça puisse sonner, ils n’ont juste plus la force de demander de l’aide.

Chaque fois que ça arrive, j’ai des tonnes de personnes qui m’écrivent pour me dire qu’elles pensent à nous, de les tenir au courant et que si on a besoin de quelque chose, de le demander. Je l’apprécie beaucoup, pour vrai. Sauf qu’au travers de la tempête, quand toute mon énergie est occupée ailleurs, la dernière affaire dont j’ai envie, c’est de rassurer les gens sur la situation de mes enfants. Encore moins de quêter de l’aide.

N’allez pas croire que je suis ingrate ou que je n’apprécie pas ce qu’on m’offre. C’est juste que mon cerveau est 100 % occupé à dealer avec ce qui se passe. La joie d’apprendre qu’on sort enfin est rapidement remplacée par celle de réaliser que je vais arriver dans une maison dans le même état que celui où je l’ai laissée en partant frénétiquement, que je vais devoir faire la routine du soir (avec tous les traitements que ça implique). Qu’il y a un souper à préparer et du linge à plier. Que le lendemain, aussi brûlée que je sois, les enfants seront debout à l’aube.
 


Crédit : Véronique Landry

Si jamais vous avez ce couple dans votre Facebook et que vous tenez vraiment à l’aider, faites-le. Imposez-vous. Amenez-lui de la bouffe. Pliez du linge. Prenez les autres enfants pour l’heure du souper. Appelez-le ou allez passer du temps avec le parent à l’hôpital. Écoutez-le, laissez-le ventiler.

Et si vous avez juste pas le temps, pas envie, name it, sachez une chose : VOUS AVEZ LE DROIT. Et personne ne va vous en vouloir (ben, pas moi du moins).

Je n’attends rien de personne et je sais que des gens vivent pire. Vraiment pire. J’apprécie réellement ma vie (par contre, je prendrais un peu plus de santé, ha!). Mais quand l’aide et l’écoute arrivent, comme ça, sans crier gare, c’est réellement la plus belle des surprises.