Un mécanicien d’ascenseur est mort au bout de son sang la semaine dernière. Seul, hurlant à l’aide, coincé par la machine qu’il devait réparer. Il était un ancien collègue de mon amoureux, qui pratiquait ce métier dans son ancienne vie.

À l’époque, j’étais souvent inquiète des histoires qu’il me racontait. Il travaillait seul la plupart du temps, presque toujours dans des espaces clos, parfois dans des endroits où aucun signal cellulaire ne passe. Il grimpait souvent sur des toits de cabines d’ascenseurs où il n’y avait aucun garde-corps. Il était souvent juché sur ces toits alors que d’autres cabines étaient en mouvement juste à côté de lui. Sans compter toutes les fois où il devait régler des problèmes alors que le courant électrique très puissant était allumé. Quand il a quitté ce métier, une partie de moi a été soulagée. Il avait évité le pire.

La tragédie de cette semaine n’est pas sans rappeler celle d’Éric Martel qui est mort après avoir eu le bras broyé par un escalier mécanique l’année dernière. La compagnie a été blâmée. Une mince consolation pour sa conjointe, alors enceinte de leur premier enfant. Un autre orphelin du travail au Québec. Un autre enfant qui va grandir sans son père ou sans sa mère, alors que son parent était simplement parti gagner de quoi lui fournir un toit, de la nourriture, des vêtements. J’ai repensé à la campagne publicitaire choc de la CSST, campagne dont j’ai vu une affiche récemment dans un CLSC. Une image qui m’a hantée pendant quelques jours tellement elle m’avait troublée.

D’après la CNESST, 20 travailleurs de la construction sont morts en 2016.  Au total, tous secteurs confondus, 80 personnes ont perdu la vie en travaillant. Électrocutions mortelles, chutes en bas d’échafaudages instables, les causes sont nombreuses et inquiétantes. En plus des victimes d’accidents, 137 travailleurs sont aussi décédés des suites d’une maladie liée au travail, l’amiante étant la source principale de ces maladies.

On parle ici de décès, mais on parlait récemment dans les médias de toute la violence dont sont victimes les travailleurs du milieu de la santé : insultes, coups, morsures, coups de poing, etc. Sans compter les milliers de travailleurs qui souffrent d’insomnie, d’anxiété, de dépression à cause de leur emploi.

Le travail ne devrait pas nous rendre malades. Le travail ne devrait pas nous blesser. Le travail ne devrait pas nous tuer.

Personne ne devrait perdre sa vie en essayant de la gagner.