Oui, c’est terrible ce qui est arrivé à Las Vegas. Ça donne des frissons dans le dos et ça exacerbe le sentiment d’impuissance devant la montée de la violence et de l’agressivité qui s’exprime partout autour de nous. On se sent bien petit face à ce genre de constat ; qu’est-ce que je peux y faire?

Dans ces moments-là, le réflexe de repli sur soi est tentant. Se couper de ce monde trop dur, rester dans sa bulle, sa zone de confort, pour oublier que dehors, ça va mal. Ce n’est pas épouvantable, c’est même plutôt humain, mais est-ce que cette façon d’éviter les sources du problème règle quelque chose? Bien sûr que non.
 
Sans vouloir démarrer une révolution, mais en refusant de faire l’autruche, y a-t-il moyen d’essayer de changer les choses, simplement, à notre portée de parent qui élève les générations de demain? Et si, pour contrer cette violence ambiante, on commençait par réhabiliter la gentillesse? À la valoriser le plus souvent possible? Pourquoi être baveux, tough, vulgaire, bully, entraîne une cote de popularité élevée chez les enfants, nos enfants? Pourquoi, à l’inverse, les polis, respectueux, aimables se font-ils souvent ridiculiser? Est-ce parce qu’ils reproduisent ce qu’ils observent autour d’eux? Poser la question, c’est y répondre…
 
À force de cynisme et de commentaires haineux, est-on en train de construire une société où la seule issue est de s’aiguiser les dents pour arriver à se faire un chemin parmi les loups? Je refuse de penser de cette façon. Je veux continuer de croire qu’aider un parent à monter sa poussette dans le métro ou céder son siège à une femme enceinte sont les gestes à poser pour bâtir un monde où mes enfants pourront s’épanouir. L’empathie plutôt que la confrontation, la bienveillance plutôt que le mépris, l’ouverture plutôt que le jugement, la gentillesse plutôt que la méchanceté gratuite.
 
Je suis naïve peut-être, mais je me dis que mettre en pratique ces valeurs avec cœur et sans relâche est un moyen de le changer, ce monde qui se durcit un peu plus chaque jour. La gentillesse n’est pas ringarde, elle est le ciment qui nous tient ensemble, sinon, tout s’effrite. À nous de garder les fondations en bon état.