Petite, je ne jouais pas à la maman. En grandissant, je n’ai jamais voulu d’enfant. Pendant longtemps, je me suis défendue. Plusieurs peurs me dominaient. Certains argumentaient en me disant que c’était la nature d’avoir des enfants et c’est tout. Comme si on faisait des enfants sans réfléchir, parce que c’est ainsi, parce que tout le monde en fait, voilà. Je défendais de mon côté le fait que la femme n’est pas moins femme si elle n’enfante pas. J’ajoutais qu’il était possible de se réaliser et de s’épanouir sans fonder une famille. Que c’était une responsabilité énorme. Que j’avais vu trop de couples faire des enfants comme on choisit la couleur de son salon. Qu’à partir du moment où l’on devient mère, on n’est plus jamais seule : quelqu’un, quelque part, dépend de nous. Qu’on est mère jusqu’à la fin.

Puis, il y a ces gens qui en font, mais qui n’en parlent jamais en bien. On nous fait peur à grands coups de « tu vas voir ». Tu vas voir tu dormiras plus, tu vas voir ton linge va être plein de vomi, tu vas voir ça pleure tout le temps, tu vas voir ça salit tout. Au lieu de nous dire tu vas voir la première fois qu’il te sourit, tu vas voir quand il va dire son premier mot, tu vas voir la première fois qu’il va goûter une fraise, tu vas voir la première fois qu’il va reconnaître ton visage.

Il y avait aussi cette peur de la grossesse, accompagnée de celle d’accoucher. La crainte de ne pas être bien avec ce petit être à l’intérieur de moi. L’idée que je ne pourrais survivre à pareille épreuve. Que j’y laisserais peut-être même ma peau. Au final, l’humilité d’avouer que je n’en avais tout simplement pas envie.

Et il est arrivé. Notre amour, notre complicité, notre quotidien, notre équipe. Puis, un matin, cette envie d’avoir un enfant, de lui. Ce besoin, soudain viscéral. Cette envie si forte qu’elle efface toutes les peurs. Cette confiance que nous serons une équipe forte et que je ne pourrais trouver un meilleur père que lui.

Grand Corps Malade a dit : « À force de trop s’aimer, on laisse une trace de notre partage. » Notre fils, c’est ça. La trace de 5 années d’amour, d’épreuves, de tendresse et de partage.