Tout ça a commencé avec un robinet qui coule. On s’est dit que si on changeait le robinet, faudrait bien changer notre vieux lavabo aussi. Et renouveler tout ça sans avoir un nouveau comptoir, ça serait difficile. Et pourquoi ne pas changer aussi nos vieilles armoires de mélamine, tant qu’à y être? Et puisqu’on doit faire venir un plombier pour changer les tuyaux de cuivre, pourquoi ne pas en profiter pour rénover les salles de bain, depuis le temps qu’on en parle? Ohhhh et des planchers de bois, ça serait tellement beau!

Vu qu’on est deux pousseux de crayons (a.k.a. des « professionnels »), et qu’on n’est pas manuels pour deux cennes, on a pas eu le choix d’engager du monde pour faire ça pour nous. Comme il vaut mieux en rire, voici le top 5 des surprises pour celles et ceux qui se lancent dans un projet de rénovations, mais qui ne rénovent pas eux-mêmes, ainsi que quelques conseils pour passer au travers.

1. Ça va prendre le double, voire le triple du temps initialement prévu
​On avait un beau calendrier au départ. Ça allait prendre de six à huit semaines, tout dépendant des imprévus. Tout était coordonné : le contracteur, le plombier, les salles de bain, la compagnie qui change les armoires de cuisine, le gars des planchers, le peintre, etc. Tout ça allait s’enchaîner de belle façon, et hop, on serait de retour chez nous à profiter du reste de l’été dans notre nouveau condo. Tout ça, c’était sans compter l'équipe d'un tel qui prend des vacances de plus, le gars du plancher qui s’est mêlé dans ses dates pis qui nous avait pas bookés dans son horaire, l’entreposage des meubles pour lequel il a fallu tout, mais littéralement tout mettre dans des boîtes…et tout déballer ensuite!
Conseil : habiter dans un endroit alternatif qui ne coûte pas trop cher si les rénos s'étirent un peu

2. Ça va coûter pas mal un peu plus cher que ce qui était envisagé au début
On avait fait un budget, avec un peu de lousse au cas où. Est-ce que ça a été suffisant? Bin non. Parce qu’on a découvert, en enlevant notre plancher, que ça prendrait du bois usiné au lieu du bois franc pis que ça coûterait le double du prix. Qu’un escalier de bois peut coûter un bras pis une jambe, plus rapidement qu’on a eu le temps de crier « céramique », pour mettre dans la cuisine à la place pour épargner quelques sous. Pis qu’on est tombés en amour avec le plus beau des bains autoportants, pis qu’on a décidé d’acheter des toilettes pas trop cheap pour aller avec. Heureusement qu'on a été raisonnables, parce que ça peut monter ben, ben vite ces affaires-là… 

Conseils : se permettre quelques folies, mais équilibrer avec d'autres choix plus abordables. Prévoir aussi un montant de contingence dans le budget (exemple, plus ou moins 1000 $), le nôtre nous a aidés à avoir une idée plus juste du coût final.

3. Il va y avoir des imprévus
Dans la vie, moi, je ne savais pas que ça existait, un évent de toilettes. Bin là, je le sais. Parce que le mien, il n’était pas raccordé dehors, comme il était supposé. Il évacuait l’air putride dans l’entretoit. Une belle surprise qu’on a eue, comme celle de découvrir que notre ancien plancher de salle de bain craquait, car il avait été posé direct’ sur le béton avec une colle inadéquate, ou que les tuyaux pour la hotte de four et les aérations de salle de bain étaient minuscules, alors ça ferait un bruit infernal, peu importe le montant investi dans les nouveaux appareils…

Conseils : rester calme, faire confiance aux gens qu'on a engagés et qui ont décelé les problèmes (ils connaissent ça mieux que nous et savent trouver des solutions), et rester flexible dans le plan des travaux pour pouvoir s'adapter au besoin.

Crédit : Joëlle Basque

4. On rencontre des gens pas trop à leur affaire, mais encore plus de monde ben smat
Entre la fille qui avait oublié de m’avertir de la date de la pose de mes comptoirs de cuisine (euh allô, j’ai un plombier à booker pour installer les tuyaux du nouveau lavabo!), le gars dans la lune qui n’avait pas prévu les bons matériaux pour le garde-corps de mon nouvel escalier, et le déménageur peu scrupuleux qui m’a fait une scratch dans mon beau plancher tout neuf, il y a eu le contracteur le plus fin et le plus serviable du monde, qui s’assure que tout est aux normes parce que c’est aussi un pompier qui fait des rénos dans ses temps libres, l’ébéniste artisan qui nous a construit un escalier magnifique, et le gars super sympathique qui m’a jasé de bières de microbrasserie en prenant la mesure pour mes armoires. Bref, des gens diligents qui m’ont redonné un peu foi en l’Humanité. Et qui m’ont fait oublier le gars distrait qui a posé du cadrage de mur sur le bord de mon îlot de cuisine tout neuf...

Conseils : poser beaucoup de questions, faire le suivi des dates de livraison de matériaux et de réalisation des travaux, travailler avec un.e designer ou un contracteur qui ont l'habitude de coordonner un chantier et qui savent régler les erreurs qui surviennent à l'occasion.

5. De la poussière, on en ramasse en masse!
De la poussière de plâtre. De la poussière de fer. De la poussière de bois. Collée dans la moustiquaire. Déposée dans les rideaux. Dans les craques du foyer. Sur ma vaisselle. Dans les haut-parleurs de la télé. Sur chacune des estifi de feuilles de chacune de mes plantes. Paraît que j’en ai jusqu’à Noël, à ramasser de la poussière.

Conseil : Oh well, ce n'est pas la fin du monde!

Eh la la qu’on ne savait pas dans quoi on s’embarquait! Mais est-ce que ça a valu la peine? Absolument! On se doutait qu’il y aurait des imprévus, mais il y en a eu un peu plus qu'on croyait. Et heureusement que nos familles nous ont appuyés, financièrement et logistiquement. Et qu’une de mes meilleures amies est designer, et qu’elle nous a épaulés dans nos démarches. Bien plus que ça, elle a planifié et géré toutes les étapes, qui se sont avérées beaucoup plus nombreuses et compliquées que ce qu’on avait envisagé au départ, nous qui n'y connaissons rien. Plus habituée que nous à gérer ce genre de complexité, elle a été tout simplement extraordinaire, et nous a permis de rester zen, malgré tout!

Mais vous savez quoi, même si je suis encore dans les boîtes, que j’ai des ampoules qui pendent du plafond dans toutes les pièces de ma maison parce que mes beaux luminaires faits sur mesure ne sont pas encore arrivés, je ne pourrais pas être plus satisfaite. Tout simplement parce que ma vie avance. Après avoir fait du surplace pendant deux ans à cause de bébé qui se fait attendre, on a réalisé qu’on ne devait rien reporter « au cas où ». Qu’on ne devait plus attendre après ça pour être heureux. Qu’on devait vivre notre vie à fond, faire des projets de fous, et advienne que pourra. Alors on a vécu trois mois dans l’appart que nous a prêté la cousine de mon chum pendant les rénos, on a laissé la designer gérer mille et un pépins de chantier de construction, on a réintégré notre logement dans le chaos des boîtes et la poussière, mais on est contents.

Et ça va être beau en sapristi ce condo-là!