Quelques mois avant d’accoucher, mon obstétricien m’avait prévenue : étant donné que j’avais un historique de dépression et d'anxiété, je devais surveiller les signes après l’accouchement. Avec les hormones débalancées, je serais plus vulnérable à la dépression post-partum. Je me souviens de m’être dit que c’était impossible que ça m'arrive (...). 

Je suis consciente que la première année avec un bébé n’est jamais facile, et ce, pour personne. Mais pour moi, on dirait que ça n’allait juste jamais mieux. Je n’arrivais pas à voir la lumière au bout du tunnel, et ce, malgré toutes les séances de yoga, la méditation, les marches à l'air frais et les livres de la rangée « self help » que j'ai pu lire. Je me disais toujours que demain, ça finirait par changer, que j’allais retrouver la fille que je connaissais avant de devenir mère. Je blâmais toujours des facteurs extérieurs pour justifier mon état. Puis, les jours ont passé et ça a fait un an que j’avais donné naissance et je portais encore en moi cette tristesse. 

Je me suis finalement décidée à aller voir le médecin qui a prononcé les mots qui m’effrayaient depuis si longtemps : j'étais en dépression. Oui, même un an après avoir accouché, c'est possible. Surtout si ça fait des mois que ça traîne. Le choc a été dur à encaisser au début, mais le pire était de l’avouer à mes proches. Pourtant je n’ai jamais eu de misère à leur faire part de mes autres problèmes de santé. Alors pourquoi ce serait différent pour la dépression?

Cette réalité, ma réalité, illustre justement que le tabou qui entoure la dépression existe toujours et qu'il faut qu'on s'en parle. On est à l'aise de parler de nos corps suite à l'accouchement, de nos seins qui coulent et des pads humides qu'on se met dans la brassière pendant l'allaitement, des cacas-geyser et de tout le reste qui vient avec notre nouvelle vie de parent, alors pourquoi ne pas parler de ça? 

Pour ma part, j'ai commencé un traitement et je vois déjà ses bienfaits. Je ne peux pas vous cacher que l’adaptation est un peu rock (nausées, étourdissements, etc.), mais pour la première fois en longtemps, je me sens bien parce que j’ai choisi de ne plus me mentir. Je suis de celles qui croient que le bonheur vient de soi. Qu’il se propage de l’intérieur vers l’extérieur. Mais pour rendre cela possible, il faut d’abord commencer par s’écouter et se dire les vraies affaires.

Je vous invite donc chères mamans à parler ouvertement de vos symptômes à votre entourage ou à votre médecin dès que ceux-ci apparaissent. Il n'y a absolument RIEN de honteux à vivre une dépression. Contrairement à ce que beaucoup trop de gens croient, vous ne pouvez pas contrôler ce qui se passe au niveau de votre cerveau. Pareil comme les montées de lait, can't control em' (fallait quand même que je finisse avec un peu d'humour ).

Rappelez-vous surtout que vous n'êtes jamais seules. Pour du soutien immédiat, vous pouvez toujours communiquer avec Info-Santé au 8-1-1 ou la LigneParent, un service d’intervention accessible jour et nuit, gratuit et confidentiel (1-800-361-5085).