Ça m’a réellement frappée le jour où j’ai su qu’un petit être poussait dans mon bedon. Ce jour-là, j’aurais aimé pouvoir débarquer au nid familial et apprendre la bonne nouvelle en vrai à mes parents. Ce jour-là, j’aurais voulu aller prendre un café avec ma mère et revenir en moins de 600 km. Mais ce jour-là, j’ai dû me contenter d’un petit bonheur virtuel.

Je me suis poussée dans une nouvelle ville en partie pour mes études. À ma dernière session, divisée entre l’idée de rester dans une si belle ville où j’avais reconstruit ma vie et celle de revenir dans mon coin d’origine avec mon entourage, j’ai rencontré mon copain. Oups. Choix un peu plus facile après ça…

Il m’aurait sûrement suivie si j’avais décidé autrement ; on en avait même parlé. Mais lui n’aurait connu personne, moi j’avais refait mon petit monde, mon univers. Donc j’ai décidé de rester ici. À 300 km de ma famille. 268 pour être plus exacte, mais il faut compter le temps d’un stop pipi et la petite fringale à mi-chemin.

Je ne pense pas que j’aurais pris la même décision si l’on avait été dans les années 90. La technologie d’aujourd’hui, admettons-le, joue un rôle important pour nous permettre d’oublier qu’on est loin de nos proches. Un jour, il y aura un train grande vitesse de Montréal à Québec... En attendant, je remercie FaceTime de me permettre de prendre le thé à distance, de montrer mon évolution bedonnesque à ma mère sans qu’elle doive deviner l’image à travers tous les pixels, de bientôt pouvoir partager des petits moments avec la petite peanut et ses grands-parents, de voir mes parents en presque vrai.

Ça ne remplace pas la chaleur humaine, le confort d’un gros câlin. Et un iPad, ce n’est pas nécessairement bien vu à un rendez-vous de suivi de grossesse quand le conjoint n’est pas là et qu’on a quelques inquiétudes (je n’ai pas essayé, mais je m’imagine bien la réaction du technicien lors de l’échographie!).

La distance, c’est un couteau à double tranchant. On voit moins souvent ceux qu’on aime, mais le temps passé avec eux est ce qu’il y a de plus précieux ; on savoure toutes les petites secondes. Entre les quelques fins de semaine de l’année où l’on a l’occasion de se voir, on fait ce qu’on peut pour rester unis. La technologie vient apaiser, juste assez. Elle permet de passer à travers certains moments plus difficiles que d’autres même de loin.

Parce que, même adulte, on a parfois besoin de nos parents. Pas nécessairement pour longtemps. Pas nécessairement pour quelque chose de précis. Juste parce que « je m’ennuie de ma maman ». Et que soudainement, on se sent comme la première fois où on a dormi chez une amie, enfant, et que les parents paraissaient à l’autre bout du monde. Beaucoup trop loin.